Mathias O. 07/08/2022

Plus tard, je serai mangaka

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Mathias voulait devenir dessinateur, mais certains de ses proches ont tenté de le décourager. Ils n’ont pas réussi.

Je veux devenir dessinateur, ou plutôt mangaka. Mangaka, c’est un mot japonais qui signifie auteur, dessinateur de manga. Depuis que je suis tout petit, j’aime tout ce qui est univers japonais : la culture, le mode de vie, l’architecture, les traditions, les croyances, la gastronomie…

À l’âge de 8 ans, mon grand cousin m’a montré mon tout premier anime japonais : Dragon Ball. Depuis ce jour-là, j’ai commencé à en regarder plein avec lui.

Initié par mon cousin

C’est lui qui m’a expliqué toute la culture des mangas, et que les animes étaient des adaptations de livres ; à la base, pour leur donner plus de visibilité. Il m’en a montré certains dans sa bibliothèque et, quand j’ai vu les dessins, ça m’a vraiment coupé le souffle. Les détails sur chaque page étaient incroyables. J’étais fasciné par le travail, la précision du crayon…

J’ai commencé à lire beaucoup de mangas chez mon cousin. Je passais la moitié de ma vie là-bas. Un jour, j’ai voulu apprendre à dessiner. Je me suis lancé seul, il n’y avait personne dans mon entourage pour m’aider.

Obligé de faire autre chose

Je me suis renseigné sur les études qu’on devait faire pour devenir dessinateur. Mais, on m’a toujours dit : « Non, c’est impossible, tu ne vas jamais réussir » ; « Tu perds ton temps, ça vaut rien du tout, fait autre chose… » J’ai toujours entendu ça de mes profs. Et de mon père.

Alors, j’ai abandonné cette idée mais j’ai toujours continué à dessiner. Je me suis inscrit dans un bac pro en filière MEI (maintenance des équipements industriels) à Aix-en-Provence, où l’on apprend à réparer des machines industrielles. Résultat : j’y ai passé trois ans de ma vie. Pour rien.

Je n’ai pas eu le choix. En troisième, je n’avais fait aucun vœu. C’est la seule filière qui m’avait accepté et mon père m’avait forcé à m’y inscrire. Ça ne m’a pas plu du tout. J’y allais rarement, et je n’étais pas le seul. Tout le monde avait été forcé de s’inscrire là, tout le monde était obligé et détestait. C’est dommage. Mais il y avait une bonne ambiance. Je n’ai rien appris qui me serve, mais j’ai gardé des collègues.

Puis, j’ai eu vite envie d’autres choses. J’ai fait des stages dans d’autres domaines, comme la mécanique auto. Mais ça ne plaisait pas à mon père. Il ne voulait pas que je finisse cassé et malade comme lui, qui était mécanicien avant de prendre sa retraite.

Reboosté par les mots de mon prof

La seule chose positive de ces années-là, c’est que je n’ai jamais cessé de dessiner. Tous les soirs, en rentrant du lycée, je prenais une feuille et un crayon et je dessinais, je reproduisais certaines planches de manga.

Côté études, je n’ai pas terminé mon bac dans la maintenance des équipements industriels. J’ai passé certaines épreuves seulement, je me suis cassé et, deux mois plus tard, je me suis inscrit à l’E2C (école de la deuxième chance). À ce moment-là, j’étais paumé. Mon père voulait que je devienne chauffeur de poids lourds. J’ai fait une demande pour intégrer un centre de formation pour faire ce métier. J’ai fait un stage de deux semaines à Marseille, on ne m’a rien expliqué, on m’a laissé seul dans un coin sans rien me dire, je rangeais des cartons de livraison. Évidemment, ça ne m’a pas plu.

Un jour, un prof de l’E2C a dit à toute la classe : « Si vous avez un rêve, n’écoutez pas les autres. » Il parlait à tout le monde mais ça a résonné en moi. Cela a réveillé mon vieux rêve de dessin. « Vas-y ! Fais-le ! » J’ai abandonné l’idée de devenir chauffeur poids lourds. Je me suis à nouveau renseigné sur la formation à suivre pour devenir dessinateur. Il faut faire une école d’art, puis préparer un DNAP (diplôme national d’arts plastiques) en trois ans, puis un DNSEP (diplôme national supérieur d’expression plastique) en deux ans. Il est aussi possible de suivre un BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité.

Je me suis rapproché d’une école d’art. J’ai passé plusieurs tests, comme le dessin manuel et le dessin numérique. J’ai réussi ! Ils m’ont accepté dans la filière art numérique. Ce n’était pas mon premier choix, mais j’ai accepté et, en septembre, je vais faire ma rentrée là-bas pour deux ans.

Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours dessiné sur papier, avec un bon crayon. Pour moi, un vrai dessinateur, c’est à l’ancienne, il n’utilise pas d’ordinateurs, ni de logiciels, mais je suis ouvert à d’autres techniques. Je voudrais m’améliorer, avoir plus d’expérience.

Suivre les traces de mon cousin

Mon cousin m’encourage beaucoup dans ce projet. Quand il a su que j’allais m’inscrire dans une école d’art, il était heureux. Il m’inspire beaucoup. Lui aussi, personne ne croyait en lui mais il avait un but : devenir maçon, devenir son propre patron. À l’âge de 17 ans, il a abandonné ses études, il a commencé à travailler, il a travaillé sept jours sur sept, n’a jamais rien lâché, et son rêve s’est réalisé. Aujourd’hui, il est patron, il a douze employés, il vit la belle vie. Il a plusieurs voitures, une belle maison à côté de Marseille. Il a 27 ans. C’est comme mon grand frère.

Damien n’a pas le parcours type de l’ingénieur qui a fait des grandes études. Il a lutté pour rattraper son retard et ses choix scolaires. Et il a réussi !

Capture d'écran de l'article "je fais aujourd'hui le métier de mes rêves", illustré par une photo sur laquelle on voit des pilotes assis sur deux voitures de sport, sur un circuit de formule 1.

Il est fier de moi parce que je réalise un rêve que j’ai depuis tout petit.

Si vous avez un projet, un rêve que vous voulez réaliser, ne lâchez pas, ne baissez pas les bras, n’écoutez pas les autres, continuez d’avancer. Le chemin va être dur mais il ne faut rien lâcher.

Mathias, 19 ans, en formation, Marseille

Crédit photo Unsplash // CC Gracia Dharma

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