4/4 Plus tard, surtout pas la France
Après mon bac, je veux poursuivre des études d’ingénierie n’importe où dans le monde. Mais surtout pas en France !
Je suis marocain et, pour moi, il y a deux Frances différentes. Celle ici, au lycée français, tolérante, ouverte, et celle là-bas, où les Arabes et les musulmans ne sont pas les bienvenus. J’ai peur que ma vie étudiante en France ne soit pas comme celle dans mon lycée, d’après ce que je remarque dans les médias français.
Lorsque je suis des débats politiques concernant le port du voile, j’ai l’impression que cet esprit de tolérance qui est omniprésent dans mon lycée, cette mixité qui nous rassemble, serait inexistante en France. Je regarde beaucoup de vidéos sur YouTube et les réseaux sociaux, j’écoute les hommes politiques français, les débats sur les chaînes d’information en continu et rien de ce que j’entends ne me laisse penser que je serai le bienvenu. J’ai entendu Eric Zemmour dire à la télé que les employeurs « ont le droit » de refuser des Arabes ou des Noirs. Quand j’entends ça, je me dis que je risque d’être discriminé parce que je suis marocain.
Pratiquer ma religion en paix
J’ai aussi entendu beaucoup d’autres choses sur l’islam qui me font penser que je ne pourrais pas y pratiquer ma religion sereinement. Dernièrement, j’ai vu que la FFF (Fédération française de football) refusait d’arrêter les matchs pour que les joueurs cassent leur jeûne pendant le ramadan. Des joueurs musulmans de l’équipe de France ont même été menacés de ne plus être sélectionnés s’ils le faisaient ! Ça a créé une polémique en France, alors qu’en Angleterre, ça ne pose pas de problème. Je crains de ne pas pouvoir pratiquer ma religion en paix.
SÉRIE 1/4 – Pour Safir, son lycée c’est plus qu’une expérience : c’est un modèle à suivre. Faire cohabiter laïcité et religion, c’est possible !
Ce que je vois de l’Angleterre est différent. Ils laissent les musulmans faire la prière de l’Aïd dans des stades ou des espaces publics. Il y a même eu un appel à la prière à Big Ben ! Les Anglais ont l’air plus tolérants, ce pays m’attire plus pour mes études supérieures. Même si je sors d’un lycée français, après le bac, je pense aller là-bas ou aux États-Unis, parce que cette « France-là » m’inquiète.
Bilal, 17 ans, lycéen, Tanger (Maroc)
Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)