Dilaxan G. 04/11/2022

Mon premier boulot, entre rats et déchets

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Avec ses collègues du quartier, Dilaxan déménage des frigos, des armoires et des pneus abandonnés dans des locaux insalubres. Un travail épuisant.

Je n’arrivais pas à trouver de travail. J’avais 22 ans, pas le bac et je suivais la garantie jeunes. J’ai déposé mon CV à la régie de quartier de ma ville, et ils m’ont directement proposé un job. Il ne m’ont pas demandé de papiers ou même posé de questions. Ils m’ont simplement dit de venir le lundi d’après.

Comme c’était localisé dans le coin, j’étais content. Je pouvais aller au travail à pied. Le chantier, c’était un local d’immeuble. À l’intérieur, on pouvait trouver des poussettes, des scooters démontés, des vieux frigos… mais surtout des rats morts.

Ramasser des cadavres de rats

Comme les locaux étaient abandonnés, ils s’y étaient installés. Au début, l’odeur me dérangeait, mais après une heure de taf, je m’habituais. Parfois, c’était dur d’y entrer, on n’avait pas envie. D’autant plus que mes collègues et moi savions que ce n’était pas bon d’être dans la même pièce qu’eux. On nous donnait des tenues de travail et un masque comme pour le Covid, mais rien pour protéger de l’odeur.

Le responsable était toujours présent pour nous obliger à faire notre travail. C’est lui qui ramassait les corps de rats pendant qu’on nettoyait. On travaillait tous les jours, et chaque semaine on changeait de chantier.

Un local dans cet état demandait une semaine de travail, à quatre personnes. Ma journée type commençait à 9 heures. On portait et déposait les encombrants dans le camion, on passait un coup de balai, après on roulait jusqu’à la déchetterie pour le vider. À midi, on avait une pause d’une heure, puis on recommençait la même chose, jusqu’à 16 heures.

Les rues, les apparts, les arrêts de bus… Tout est sale dans le quartier marseillais de Mouctar. Ses voisin·es et lui se sentent abandonné·es.

Mur tagué sur toute sa surface. Il y a des poubelles devant, elles sont entassées. Un homme avec une veste orange en récupère une.

Je faisais ce travail pour occuper mes journées. Les collègues étaient gentils avec moi, ils venaient des mêmes quartiers que moi. C’était bien. Le salaire aussi c’était bien, ça me motivait. Ça m’a servi à payer les courses, pour mes parents et moi.

C’était très fatigant. Il fallait faire des allers-retours, charger et décharger le camion. L’objectif était d’aller le moins possible à la déchetterie, alors il fallait bien ranger les encombrants. Il y avait des frigos, des armoires, des poids lourds, ça faisait mal aux muscles. La technique c’était de bien se baisser pour porter un objet. Mais je ne le savais pas, alors je me suis fait mal et, pendant six mois de travail, j’ai eu des courbatures partout.

Dilaxan, 24 ans, en recherche d’emploi, Seine-Saint-Denis

Crédit photo Unsplash // CC Tushar Gidwani

 

 

13 % des jeunes Français·es (- de 30 ans) n’ont ni emploi, ni études, ni formation. La tranche d’âge la plus touchée par cette réalité, c’est les 25-29 ans.

À partir de 22 ans, il y a plus de femmes que d’hommes dans cette situation. Pourquoi ? Souvent parce qu’elles tombent enceintes et arrêtent de travailler ou d’aller en cours.

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1 réaction

  1. Beaucoup de courage à toi camarade si tu vois ce message, je suis manœuvre en BTP, je sais ce que c’est, accroche-toi et dis toi que ce n’est qu’un début tu pourras faire des formations et trouver mieux après.

    Amicalement!

    Johan.

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