Antoine T. 21/06/2022

Mon prénom est respecté, mon nom de famille discriminé

tags :

Antoine est fier de la richesse de ses origines. Mais un soir, contrôle d'identité : son nom algérien ne plaît pas aux policiers.

Je m’appelle Antoine, mais mon nom de famille est algérien : T****. C’est comme une double identité. Antoine pour l’école, l’intégration et éviter le racisme. T**** pour ne pas oublier d’où je viens. Ma famille m’appelle par mon prénom, comme chaque enfant, mais mes collègues m’appellent tous par mon nom de famille depuis le plus jeune âge.

Mon père est d’origine algérienne et tchèque, et ma mère est française. Dans certaines situations, je me présente uniquement comme Antoine. Mais je ne renie pas pour autant mes origines.

Un gros mélange de cultures

Mes origines et l’histoire de ma famille sont ma fierté. Ma grand-mère paternelle est née à Prague, en République tchèque. Sa mère est slovaque, son père est tchèque.

Mon arrière-grand-père paternel, lui, est né à Alger. Mon arrière-grand-mère et lui ont tout donné pour que l’Algérie obtienne l’indépendance. Ils ont combattu aux côtés du FLN (Front de libération nationale). Elle transportait des valises remplies d’argent ou d’armes.

Pour résumer, je suis un gros mélange de cultures, entre pays de l’Est, Maghreb et France. Mon prénom et mon nom sont le symbole de cette identité multiple et peu commune.

Les Arabes d’un côté, les Blancs de l’autre

Parfois, mon prénom ne suffit pas. Un soir, j’étais dans la rue avec quatre collègues. Des policiers arrivent pour un contrôle. Sans problème, on coopère, on n’a rien à se reprocher.

Ils nous demandent nos cartes d’identité et les regardent bien comme il faut. Ils nous appellent un par un, et nous séparent : les Arabes d’un côté, les Blancs de l’autre. Mon tour arrive. Le policier me fixe, puis regarde ma carte. Il voit Antoine et il commence à me vouvoyer. Il était sur le point de m’envoyer avec mes deux collègues blancs.

Renvoyé à mes origines

Puis, son collègue pointe du doigt mon nom de famille. D’un coup, comme par hasard, on me tutoie et on m’envoie avec mon collègue arabe. Deux policiers commencent à nous fouiller. Les deux autres rendent leurs cartes d’identité à nos deux amis blancs. Ils ne subiront aucune fouille.

Ousmane ne cause pas d’histoires. Pourtant, à 16 ans, il a déjà subi quatre contrôles de police.

Capture d'écran d'un autre article de la ZEP. C'est une photo en noir est blanc. On voit une personne noire qui met sa main devant son visage. Il y a de la peinture blanche sur ses mains et sur son visage. L'article en lien s'appelle

Pour nous, le contrôle a été très poussé. Ils nous ont fouillés jusqu’à nous faire enlever les chaussures ! Tout ce cinéma pour ne trouver qu’un pauvre paquet de cigarettes… Après ça, ils nous ont souhaité une bonne soirée et sont partis.

Ce n’était pas mon premier contrôle, et je ne dis pas que tous les policiers sont comme ça. Souvent, ça se passe très bien : il y a du respect et il n’y a pas de différence. Mais, là, c’était la première fois que je ressentais ce que cela faisait d’être discriminé. Antoine était dégoûté, T**** a eu la haine.

Antoine, 16 ans, lycéen, Montpellier

Crédit photo Hans Lucas // © Benjamin Girette

 

Le savais-tu ?

80 % des jeunes hommes noirs et arabes ont été contrôlés au moins une fois par la police ces cinq dernières années, soit vingt fois plus que le reste de la population française.

Partager

Commenter