Restaurer sa confiance en soi en réparant des voitures
Avec mon diplôme de mécanicien dans la maintenance de véhicules pour particuliers, j’ai prouvé à ma famille que j’étais capable de réussir dans un métier.
Quand j’étais plus petit, mon père avait une Peugeot 407, qui avait beaucoup de problèmes. Dans la famille, personne ne savait comment la réparer. Je me disais que c’était dommage de ne pas avoir l’âge pour ça car je l’aurais bien fait.
Sur toutes les photos de mon père que ma mère me montrait, elle était là. C’est la seule qui est rentrée au pays. Au Maroc, dans ma famille, avec nous dedans. Mais la voiture est restée avec ses problèmes parce que la réparation coûtait cher. Un jour, un dépanneur est venu la chercher pour la mettre en pièces. Cette voiture, c’était surtout des souvenirs de quand j’étais petit.
À ce moment de ma vie, tout le monde me disait que j’étais incapable de faire des choses avec mes mains. Mes proches disaient que je ne réussirai pas, que j’allais rien faire. Ça me dégoutait qu’on dise des trucs comme ça sur moi. En fait, qu’on ne croit pas en moi. Je le vivais comme des vagues, parfois c’était un poids, mais ça arrivait aussi que ça me motive.
En troisième, mon oncle m’a dit : « Pourquoi ne pas faire un métier dans la mécanique automobile en réparation ? » Je suis allé voir la conseillère d’orientation qui m’a proposé de faire un CAP de mécanicien. Mes grand-parents m’ont beaucoup soutenu. Ils ont aussi convaincu le reste de ma famille que je pouvais y arriver. J’ai eu mon diplôme, mais mes parents s’en foutaient un peu.
« Un métier difficile »
J’ai commencé mon CAP et j’ai appris les noms des outils. Comment fonctionne le moteur et le refroidissement, mais aussi l’électrique automobile. J’ai appris à démonter entièrement les éléments intérieurs de la voiture. En général, les gens pensent que c’est un métier simple où on met deux fils ensemble. Alors que non. C’est un métier difficile pour lequel il y a plusieurs choses à apprendre sur la voiture, il faut tout retenir. Une erreur et la voiture ne démarre plus et elle peut aller à la casse.
Aujourd’hui, la plupart des garages me demandent dix ans d’expérience. Alors, pour l’instant, je m’occupe de la voiture de ma mère. Je change les ampoules à l’avant et à l’arrière. J’ai même essayé de changer les phares. C’était compliqué mais j’ai réussi. C’était la première fois. Pour l’instant, elle ne me laisse pas toucher à l’embrayage ou aux freins. En gros, je ne fais pas les grosses réparations.
J’aime être occupé à réparer des véhicules. Ça me donne de la patience et de la confiance. Quand tu fais tout pour faire démarrer une voiture, t’es content à la fin. La mécanique, ça m’a aussi appris à mieux parler avec les gens. Avant, j’avais l’impression qu’on cherchait la petite bête avec moi. La phrase qu’on déteste le plus avec mon père c’est : « Apprends à parler français. »
J’aimerais avoir mon propre garage. Un garage de récupération. Pas comme les autres, qui jettent les pièces abîmées. Alors qu’on peut faire quelque chose avec. J’ai des potes de mon CAP qui sont d’accord pour faire ce projet avec moi.
Nabil, 22 ans, en recherche d’emploi, Essonne
Crédit photo Pexels // CC Fatih Erden
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