Rayan C. 03/07/2023

La Réunion : la vie derrière la carte postale

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Rayan a grandi à la Réunion. Il aime son île et sait qu’elle fait rêver… Mais lui, il connaît aussi l’envers du décor.

Je suis né à Saint-Louis, dans le sud de l’île. Moi, j’ai grandi avec les coups de soleil et le sable dans les cheveux. Vivre et grandir à la Réunion m’aura certainement beaucoup apporté. Déjà, c’est pratique : on n’a pas besoin de faire de nombreux kilomètres pour aller à la plage ou dans les montagnes.

En plus, ici, on a un climat tropical plutôt agréable. Avec ma famille, on part souvent en randonnée pour aller voir le panorama incroyable sur le cirque de Cilaos. Le week-end, avec mon père, on part pêcher. Les côtes réunionnaises nous offrent un grand et beau récif turquoise. C’est vraiment ma passion, ça occupe la plupart de mes week-ends, où on passe carrément la nuit en mer. La semaine, on y passe parfois quatre ou cinq heures par jour. Je pêche depuis tout petit, c’est mon père qui m’a appris.

Donc oui, j’ai évolué sous le soleil de l’océan Indien, plage, rando, plongée… Ce que vous voyez sur les réseaux, c’est ma vie. Sauf que, parfois, la réalité ne ressemble pas vraiment à ça.

À la chasse aux économies

Ici, à la Réunion, le taux de personnes qui ne travaillent pas est de 18 %. Il y a des gens qui n’arrivent pas à payer leurs factures, leurs impôts, et il y a de plus en plus de pauvreté. Ça m’inquiète ce chômage, parce que si plus personne ne travaille, il n’y aura plus de fabrication locale et donc plus de travail pour nous. 

En plus de ça, vous en métropole, vous avez des grands centres commerciaux et beaucoup de grands magasins pas chers que nous n’avons pas ici. Moi, quand je pars faire les courses avec ma famille, je les paie deux fois plus cher que vous car la plupart des choses sont importées de partout dans le monde. Et, maintenant, quand on fait les courses en famille, le mot d’ordre c’est : économiser. 

Loan est réunionnais et rêve de faire sa vie « en France ». Ce qu’il appelle la France, c’est l’Hexagone, ce « pays » qui lui semble si lointain.

Un homme noir est dos au photographe. Il porte une chemise à carreaux noire et blanche. Face à lui, il y a la tour Eiffel.

Avant, je pouvais acheter des choses sans faire attention au prix. On n’était pas riches, mais on pouvait se faire plaisir une ou deux fois par mois. Maintenant, ce n’est plus du tout pareil. Un morceau de fromage coûte 4 euros contre 2 euros pour vous ! 

Et je ne parle pas de la circulation… Le plus pénible, ce sont les embouteillages. À chaque heure de pointe, il y en a des kilomètres et des kilomètres, on dirait que ça n’a pas de fin. C’est parce qu’il y a un surplus de voitures à la Réunion, ça impacte toute l’île. Les bouchons avec en plus les fortes chaleurs, c’est vraiment l’enfer. 

Bref, j’aime mon île, mais ça m’agace que les touristes ne voient que le bon côté… Il y a beaucoup de soucis ici et, derrière la carte postale, la vie n’est pas si facile.

Rayan, 14 ans, collégien, Saint-Louis (La Réunion)

Crédit photo Unsplash // CC Marjan Blan

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