Ellie A. 09/04/2025

Seule avec ses insomnies

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Depuis la sixième, Ellie lutte seule contre ses insomnies. Avec un peu de compagnie, elle retrouve le sommeil.

J’ai été insomniaque. Allongée dans mon lit, dans le noir, à attendre que le sommeil vienne me chercher. Je tente toutes les positions possibles mais rien ne fonctionne. Alors, je me tourne vers les écrans : films, séries, PlayStation. J’essaie de lire ou je scrolle sur les réseaux sociaux, jusqu’à ce que mes yeux brûlent. Et puis, le jour se lève. Par la fenêtre, la lumière des lampadaires ou celle des rayons du soleil remplit ma chambre. Je sais que je n’ai pas dormi de la nuit.

Petite, j’étais plutôt une grosse dormeuse. Mais quand je suis rentrée au collège, en sixième, mon entourage a changé. J’ai eu quelques problèmes de famille et j’ai déménagé. Je pense que je n’étais pas prête pour autant de changements à la fois. 

Alors les insomnies sont apparues, mais pas tout de suite. Elles m’ont mangée peu à peu. J’ai commencé à me coucher deux ou trois heures plus tard que d’habitude. Au début, je ne m’inquiétais pas. Je me disais que ça passerait.

La nuit, je pensais à tout. Au comportement des autres envers moi, à des choses qui m’avaient blessée. Les pensées dans ma tête allaient très vite. Je filais d’un sujet à un autre. Je ne m’ennuyais pas pendant toutes ces nuits… Et réfléchir ne me déplaisait pas.  

Mais plus les semaines passaient, plus ça empirait. J’allais en cours en ayant dormi deux heures, les yeux rouges, le visage blanc. En cours, j’étais moins concentrée. Je ne participais pas beaucoup. J’étais souvent à l’écart.

Cernée, les yeux rouges

Évidemment, mes notes ont chuté. Mes parents s’en sont rendu compte. Ils m’ont disputée plusieurs fois mais étaient toujours là pour moi. Ils essayaient de trouver des solutions. Je n’ai pas redoublé. J’ai rattrapé mes deux derniers trimestres de justesse.

Jusqu’à la fin de la cinquième, je n’en ai parlé à personne. Je n’aime pas trop parler de moi. Mes parents savaient que j’avais du mal à dormir mais ils ne se doutaient pas que c’était à ce point. Moi, je n’avais pas envie qu’ils le sachent car ils allaient en faire tout un plat. Il y avait déjà des problèmes familiaux. Je ne voulais pas en causer plus. Je n’ai pas été voir un médecin car j’appréhendais de prendre des médicaments. Et j’ai choisi de ne pas en parler non plus à l’infirmière de l’école. Je voulais éviter que ça revienne aux oreilles de mes parents.

Du coup, je me débrouillais toute seule avec ça… Chaque matin, quand l’insomnie avait fait de moi sa proie, je sortais de mon lit de mauvaise humeur, avec un reflet changeant dans le miroir, des yeux de plus en plus rouges, des cernes, le bas des yeux bleui. 

Les insomnies m’amenaient aussi, souvent, à des paralysies du sommeil. C’est un trouble caractérisé par une incapacité à bouger ou à parler, immédiatement après le réveil ou juste avant de s’endormir, avec des hallucinations visuelles ou auditives.

Une présence, un doudou

Et puis un soir, ma meilleure amie est venue dormir à la maison. Je me sentais bien avec elle. On pouvait parler de tout. Ce soir-là, je me suis endormie vers minuit 30. Ça ne m’était pas arrivé depuis très longtemps. On était en vacances. Elle est restée deux ou trois nuits chez moi. En sa présence, je m’endormais bien, sans difficulté, comme un bébé. 

J’en ai conclu que tout ça était dans ma tête. Mais j’ai surtout compris que pour mieux dormir, j’avais besoin d’une présence. N’importe laquelle. J’ai donc repris mon gros doudou d’enfance qui fait pratiquement ma taille. En plus, j’allume la télé de ma chambre avec le volume baissé. Elle s’éteint au bout de deux heures. En général, je dors déjà.

Ellie, 14 ans, collégienne, Brive-la-Gaillarde

Crédit photo Unsplash // CC Annie Spratt

 

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