Alexia C. 25/04/2024

« Son ex l’avait sucé, je devais faire pareil »

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À 14 ans, Alexia, amoureuse de son copain du même âge, a subi les références permanentes de celui-ci au sexe, ses demandes répétées de passage à l’acte et son indifférence. Cette expérience l’a marquée.

Un soir, il m’appelle pour que je lui envoie des photos de mes fesses. Quand je lui dis non, il raccroche et part dormir. Moi, je n’arrive plus à dormir à cause de lui. C’est tout le temps comme ça.

Il y a des messages qui m’ont marquée. « Je te baise tellement fort ! Même si t’as mal, je continuerai. Je m’en fiche tant que j’aime. » Je ne disais rien. De toute façon, il n’allait pas m’écouter. Quand je refusais, il me disait : « Tu m’aimes pas. Si tu m’aimais, t’aurais pas réagi comme ça ! » Il me demandait souvent de venir chez lui. Il avait soi-disant « seulement envie de me voir ». Les jours d’après, il me disait : « J’attends que tu viennes me voir pour qu’on le fasse. » Je n’y suis jamais allée, malgré son insistance.

Des fois, il me posait des questions bizarres, du genre : « Tu t’es déjà doigtée ? » Je lui répondais que non, mais il insistait : « Tu devrais essayer, je te promets c’est trop bien. Fais-le et redis-moi quand t’as fini. » Je lui disais toujours non. Il me racontait sans cesse que son ancienne copine l’avait « sucé », et qu’il fallait que je fasse pareil. Quand il m’appelait, il se mettait sur son lit. J’entendais un bruit bizarre. Je lui disais : « Mais pourquoi ça fait du bruit ? » Il me répondait : « C’est mon ex, elle m’a tellement sucé que maintenant ça fait du bruit. » Je ne répondais pas mais j’avoue que ça me faisait mal.

« Je croyais que c’était de ma faute »

Quand on s’appelait en visio, il me disait : « Mets-toi debout et tourne-toi. » Je refusais. Du coup, il raccrochait. Après, j’essayais de lui parler mais il me faisait la gueule. Une fois, je l’ai appelé, il m’a dit : « Tu me déranges, j’étais en train de me branler sur toi. » Je ne disais rien et on passait à un autre sujet. Il insistait énormément pour que je lui envoie des photos aussi. À tel point que quand il m’appelait, je faisais semblant de dormir pour qu’il arrête. Mais même comme ça, il me disait : « Réveille-toi ! »« Ne dors pas. Avant, montre-moi ! »

À part pour me demander des photos, il ne me calculait jamais. J’ai arrêté de répondre à ses messages. Un jour, je lui ai demandé pourquoi il était comme ça. Il a osé répondre que c’était à cause de moi. Je me suis excusée car je croyais vraiment que c’était de ma faute. Je pensais qu’en m’excusant, il allait arrêter. Ça n’a pas été le cas.

La sexualité et les relations de Lou échappent aux normes. Elle s’épanouit dans un couple libre, qu’elle construit sur mesure avec sa copine.

Deux mains dans la pénombre sont éclairée par une lumière arc-en-ciel.

Il parlait à plus de dix filles. Ça le faisait rire de me dire que je n’étais pas la seule. Pour « rigoler », il me disait : « Je l’aime elle, pas toi. Elle m’envoie des photos, ELLE. » Je lui demandais de supprimer ces filles sur les réseaux car je l’aimais. Mais il ne le faisait pas. J’en ai parlé mais seulement à mes copines. L’une d’elles est allée le voir. J’avais screen car je savais qu’il allait me faire passer pour la méchante et la menteuse. Elle lui a tout montré et il a fini par dire : « C’est normal que je veuille voir son corps. Imagine, il est pas beau ! »

Le pire, c’est que pendant les vacances, j’avais tellement peur d’être grosse pour lui alors que je ne faisais même pas 50 kilos. Tellement c’était entré dans ma tête, je ne voulais plus manger. J’étais devenue un peu plus mince. Je faisais des photos et des vidéos de ma tête. Quand il voyait mon visage, il me sortait des : « T’es devenue maigre »« Regarde, on voit tes os. » J’ai parlé avec lui avant de le bloquer. Je lui ai dit que ce qu’il m’avait fait, ça m’avait fait super mal et que j’oublierai jamais ça. À cause de lui, je n’arriverai plus à parler avec un garçon sans repenser à ça.

Alexia, 14 ans, collégienne, Seine-et-Marne

Crédit photo Pexels // CC Andrea Piacquadio

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