Paloma R. 14/04/2025

D’un bourg à une tour

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Paloma a dû quitter son Sud natal après la séparation de ses parents. Depuis, elle apprend à vivre en région parisienne, où tout lui semble plus grand, plus bruyant et plus ennuyant.

« Chou c’est quoi ton Snap ? » Avant Noël, je reçois une demande d’ami sur TikTok. C’est Lucille, une copine de l’internat en troisième. J’ai le sourire. Ça fait plus de deux ans qu’on ne s’est pas parlées. On s’ajoute, on se raconte nos vies. Un soir, on s’appelle. Elle me pose la question : « Sinon, toi tu deviens quoi ? » Je lui réponds que je suis toujours la même, à part que j’ai déménagé à Paris l’été dernier. « C’est très difficile pour moi. Je ne me voyais pas habiter ici. » 

Mes parents ont divorcé. En deux ans, je suis passée d’un bourg de 5 500 habitants dans le sud de la France, dans l’Hérault, à Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine. Avant, j’habitais avec mon papa dans l’ancienne maison de mes grands-parents. Ça fait bientôt deux ans que je vis avec ma maman. On est d’abord restées dans le sud. On habitait dans un appartement dans un immeuble sur deux étages. Au cours de l’été 2024, j’ai déménagé à Clichy dans un bâtiment de dix étages. Avant de partir, ma mère m’a dit : « Tu verras, il y aura plein de choses à faire. »

Depuis, je passe mes week-ends… chez moi. Ici, je vis une épreuve compliquée. Je me sens seule. J’ai perdu toute ma famille, mes amis, mes habitudes. 

À Paris, il y a des monuments, beaucoup plus de boutiques, de choix dans les vêtements. À n’importe quelle heure, il y a des gens dans la rue. Dans une ville collée à Paris, il y a beaucoup de commerçants, de fast-foods, d’écoles… mais je m’ennuie. Je ne connais pas grand monde. C’est difficile d’intégrer des groupes de copines déjà formés. 

« À une heure de l’Espagne, deux heures du ski »

Mes nouveaux camarades de classe disent : « Je ne déménagerai jamais dans le sud. Il n’y a rien à faire. » Alors que moi, j’ai toujours eu l’habitude des champs, des petits villages, des randonnées. J’étais à une heure de l’Espagne et à deux heures du ski dans les Pyrénées. J’étais à côté de tout : les lacs, les rivières, les piscines, les montagnes… 

Avec mes copines, j’allais à la plage. Je sortais toute seule quand je voulais, à n’importe quelle heure… dans la limite du raisonnable. J’avais deux ou trois copines. Le week-end, on partait à la danse, on se faisait des petites sorties entre filles, à la plage, au centre commercial. 

Dans un bourg, presque tout le monde se connait. On avait une boulangerie, un petit supermarché, des marchés le week-end pour faire travailler les producteurs. On allait souvent au marché, les producteurs nous reconnaissaient et faisaient toujours un geste commercial. 

Depuis mon arrivée à Clichy, je ne suis pas retournée dans le sud. Dans le premier appartement avec ma mère, les propriétaires habitaient juste en face. On avait une bonne entente avec eux. Quand on leur a annoncé qu’on partait, ils étaient tristes. Ils nous ont dit : « On espère qu’on aura de vos nouvelles ! Si vous revenez dans le sud, venez nous faire un coucou ! »  Je me languis de pouvoir les retrouver. Comme mes copines, mes copains et ma famille l’été prochain. 

Paloma, 17 ans, lycéenne, Clichy-la-Garenne

Crédit Photo Flickr // CC Ben Deck

 

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