Ambroise R. 14/01/2021

#MentalBreakUp : les partiels de janvier, c’est la goutte de trop

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Après ma PACES, je pensais pouvoir souffler. Entre la Covid, une fusion d'universités et des partiels à l'organisation désastreuse, je sature.

J’ai obtenu ma PACES après une année horrible avec confinement et décalage de la date du concours de plus de deux mois. Ce fut un véritable enfer mais j’ai tenu et maintenant je suis étudiant en deuxième année de médecine. J’avais besoin de « vacances », j’espérais avoir une nouvelle année assez reposante, mais non.

A ma grande surprise, je me retrouve face à une quantité de cours deux fois supérieure à celle de la PACES, une sorte de concours visant à sélectionner. Des partiels non classants, néanmoins la difficulté est bien présente. À commencer par les partiels de janvier qui se sont tenus en présentiel.

On a ruiné nos vacances pour ce partiel

On n’en pouvait déjà plus : après des centaines de cours horribles à distance, se déplacer à 1h30 de chez moi pour les passer sur tablette en présentiel ? L’horreur. Vient le jour J : quelle surprise de découvrir qu’à l’arrivée, les gestes barrières et la sécurité sanitaire n’étaient évidemment pas assurés par l’administration. On nous a entassés à 400 dans les couloirs avec très peu de distanciation. On a alors été installés dans plusieurs amphis, à ce moment-là, les conditions étaient respectées.

« Décompensations, tentatives de suicide, désespoirs en tous genres »… La pandémie de COVID-19 a des effets alarmants sur la santé mentale des jeunes, selon un rapport parlementaire publié en décembre. Arabelle, étudiante en troisième année de médecine, donne l’alerte sur l’état psychologique de nos futurs soignants.

Puis débute la première épreuve et… ma tablette ne marche pas. On m’en amène une nouvelle, je lance l’épreuve mais tout le monde n’avait pas commencé, il ne fallait donc pas. Bref : manque cruel d’organisation. « Fin » de la première épreuve : 120 étudiants de la promo n’ont pas pu réaliser le sujet, car les tablettes ne fonctionnaient pas. On n’en croit pas nos yeux.

Les tablettes sont utilisées depuis plusieurs années, la différence c’est la fusion entre Paris Descartes et Paris Diderot en Université de Paris cette année. Il a été également décidé de fusionner les promos de deuxième année, nous sommes donc 800 au lieu des 300-400 habituels. C’est ça qui a posé problème pour les tablettes : il n’y en avait pas suffisamment de fonctionnels ; il aurait fallu prévoir celles qui buggeraient. Les autres promos comme les troisième année ont moins de soucis.

Finalement, la seconde épreuve est annulée au dernier moment, à cause des tablettes… Alors que depuis le début, tout cela pouvait être fait chez nous. Résultat : on a ruiné nos vacances pour ce partiel finalement annulé. Pour la plupart, on n’a fêté ni Noël ni le Nouvel An dans l’espoir d’avoir la moyenne à ces horribles partiels et la quantité de cours nous faisait craquer chaque jour. J’ai révisé jusqu’au matin même en me levant très tôt dans l’espoir de faire marcher ma mémoire à court terme. Révisé et peu dormi, pour rien.

Au final on nous dit de rentrer chez nous (j’ai fait 1h30 de transports pour rien) et qu’on nous enverra un mail. À 21h : les épreuves du lendemain annulées aussi. 21H…

On avait l’impression d’être des moins que rien

C’était la goutte supplémentaire : c’est de là qu’est né ce mouvement #MentalBreakUp avec le soutien de quelques-uns de nos professeurs. Ils pensaient également que les conditions n’étaient pas acceptables pour que nous passions nos examens en présentiel, sur tablettes non fonctionnelles.

Cours magistraux à distance, TD hybrides une semaine sur deux, rentrée décalée et inscriptions pédagogiques annulées… Pour Sonia, elle aussi étudiante à l’Université de Paris, la rentrée a rimé avec chaos, entre Covid et manque de communication de l’administration.

On se plaint d’un tout. De la faculté dans son ensemble : la fusion foirée, l’administration incompétente, notamment son manque cruel d’organisation, et le manque de compassion et d’empathie. Surtout vis-à-vis de notre programme indigeste et de la situation liée à la Covid. On a l’impression d’être des moins que rien, pour rester polis, alors qu’on mérite non seulement le respect mais surtout l’écoute et l’empathie. Ces partiels, c’était la goutte de trop de cette fusion d’université et la Covid, un bonus.

 

Ambroise, 19 ans, étudiant, Paris

Crédit photo Hans Lucas // © Lilian Cazabet (série photo : l’université en période de pandémie)

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