Je vis dans une famille zéro déchet

Souvent, quand les gens entendent l’expression « zéro déchet », ils imaginent quelqu’un vivant dans une cabane au fin fond d’une forêt sans eau ni électricité. Pourtant, ma famille et moi, on habite en ville, à Carvin, et on a adopté ce mode de vie écolo depuis cinq ans. Tout a commencé grâce à une discussion entre ma mère et une de ses amies. C’est elle qui lui a parlé du zéro déchet et on s’est dit : « Pourquoi on ne s’y mettrait pas, nous aussi ? » J’ai toujours pensé que la cause environnementale était importante et l’idée de pouvoir y contribuer, même si c’est à moindre échelle, m’a ravie dès le départ.

Tout en vrac

C’est vrai qu’au début, ça fait un peu bizarre parce qu’on ne fait plus trop les courses dans les grandes surfaces mais dans les magasins en vrac. On s’y rend avec nos bocaux et nos sachets de toutes les couleurs que maman a cousu. On a l’impression de jouer à la marchande. Quand on y entre, on voit des dizaines de distributeurs remplis de pâtes, de riz, de céréales et de noix. Il y a aussi les petits distributeurs d’huile et de sirop. Quand on se balade dans les rayons, on peut tomber sur les tables avec les épices, les poudres à lever, les bonbons et les confiseries. Il y a aussi d’énormes bacs de farine et de sucre.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il y a quand même beaucoup de monde dans ces boutiques, et des gens de toutes les situations. Des familles nombreuses, des célibataires, quelques personnes âgées… mais surtout des jeunes et des gens d’une quarantaine d’années.

Dix fois meilleur qu’en magasin

Avec le zéro déchet, on a aussi changé nos habitudes alimentaires. Par exemple, ça fait bien longtemps qu’on n’a pas acheté de Nutella ou de fromage râpé emballé. Maintenant, on demande à la fromagère de nous râper le fromage et de le mettre dans la boîte en plastique qu’on a ramenée. Pour la pâte à tartiner, c’est maman qui la fait elle-même et elle est dix fois meilleure que celle achetée en magasin !

Ce nouveau mode de vie a parfois surpris notre entourage. Pendant les fêtes, pour éviter le papier cadeau, on emballe les cadeaux dans du tissu qu’on pourra réutiliser les années suivantes. Au début, les autres étaient un peu choqués. Je me souviens de la tête de mon cousin qui pensait qu’on lui offrait un foulard à Noël. Pareil pour ma grand-mère qui ne comprend pas pourquoi on fait tout ça. Mais on a réussi à l’attirer dans les épiceries en vrac en lui expliquant qu’ils vendaient des pépites de chocolat au détail.

Le Do It Yourself

Après, on est loin d’être parfaits. Quand on n’a pas le temps de les faire nous-mêmes, il nous arrive d’acheter des gaufres industrielles emballées individuellement. Parce que oui, il y a quand même quelques inconvénients avec le mode de vie zéro déchet, à commencer par avoir absolument une assez bonne organisation. D’un point de vue logistique, les bocaux ça prend de la place quand on va faire ses courses. Et c’est vrai que, lorsqu’on achète en vrac, cela coûte plus cher que quand on fait ses achats dans les grandes surfaces.

Clémentine aimerait avoir un mode de vie plus proche de ses valeurs écologistes et féministes. Mais entre sa vie de famille et le travail, elle se sent rattrapée par la réalité.

Mais c’est bon pour l’environnement, et très souvent bon pour nous. Ça nous permet de mieux prendre conscience de la qualité des produits et de la composition des plats et gâteaux que l’on prépare. Avec mes parents, ça nous a incité à découvrir plein de nouvelles recettes et à cuisiner plus. Pareil pour les produits ménagers, c’est du fait maison la plupart du temps. On achète des produits basiques comme du savon de Marseille et on fait nos mélanges. Heureusement qu’internet regorge de tutos Do It Yourself. Tout y passe : du savon pour les mains aux nettoyants pour les différentes surfaces, en passant par le liquide vaisselle.

Alors, on ne vit pas forcément comme tout le monde en ne faisant pas nos courses dans les grandes surfaces tous les week-ends, mais notre mode de vie n’est pas si différent. On fait simplement plus attention !

Charlotte, 16 ans, lycéenne, Carvin

Crédit photo Pexels // CC Ron Lach