Voter à 16 ans, je me sens prêt

Quelque temps avant les grandes vacances de 2021, j’ai été opéré suite à une blessure très récurrente au football qui nécessitait une intervention chirurgicale rapide. À cause de la crise sanitaire, je n’ai pas pu être opéré rapidement. Par chance, je n’ai pas eu de problèmes. Si le Covid-19 empêchait une intervention rapide c’est parce que personne ne se vaccinait. Le pass sanitaire ne suffisait pas à donner confiance aux gens… Moi, à la place du gouvernement, j’aurais fait différemment. Mais j’ai 15 ans, et je n’ai même pas le droit de vote.

Je ne peux pas vraiment donner mes idées sur la politique durant des élections et autres. Alors que la politique me touche. Surtout quand ça touche à ma religion et mes origines. Les propos islamophobes et racistes provoquent en moi une colère.

Je ne peux pas donner mon avis en tant que mineur

J’ai des affinités avec la politique sauf que, généralement, dans ma famille, quand ça parle politique, je ne me sens pas concerné. Habituellement : quand ça parle politique, c’est dans le salon, devant la télévision, avec toute ma famille. Mon père lance les sujets, le plus souvent sur l’islamophobie et les choses qui ne sont pas montrées sur les chaînes d’info. Qu’on trouve uniquement sur les réseaux sociaux.

Plus les années passent, plus Martin est sceptique sur l’utilité du vote. Il raconte pourquoi aujourd’hui il envisage plutôt l’abstention.

Moi, puisque je n’ai pas le droit de vote, dès que ça commence à parler de politique je sors directement mon tel et ne prends pas part au débat. Je ne peux pas vraiment donner mon avis en tant que mineur. C’est vraiment parce que je n’ai pas le droit de vote que je ne me sens pas concerné. Je me dis que je ne peux pas vraiment participer. Parler juste comme ça ne m’intéresse pas, je voudrais agir. Mais agir, à 15 ans, je ne vois pas comment… le meilleur moyen ce serait de voter non ? Je ne connais pas d’autres moyens, en tout cas.

Le vote, pour ne plus me sentir impuissant

Je ne peux pas voter, mais j’ai des opinions. J’ai une opinion sur les partis d’extrême droite, les personnes ayant des propos racistes et anti-religion. Ils devraient être interdits de participer à des débats politiques et laisser des personnes ayant de réelles promesses et des avis travaillés non basés sur des préjugés ou des accusations. La liberté d’expression, ce n’est pas ça ! Mais ne pas pouvoir voter me fait me sentir impuissant face à leurs idées.

J’aimerai sincèrement pouvoir voter dès l’âge de 16 ans. Si j’en avais la possibilité – puisque j’ai déjà forgé mes idées et mon opinion envers un certain parti politique – cela me permettrait de participer aux débats en famille.

Abdou, 15 ans, lycéen, Toulouse

Crédit photo Unsplash // CC Clay Banks

Le droit de vote à 16 ans

Certaines décisions se prennent déjà à 16 ans

La vie citoyenne commence souvent avant la majorité, puisqu’un·e jeune de 16 ans peut travailler, exercer une autorité parentale, adhérer à un parti politique, prétendre à la nationalité française ou l’abandonner… Bref, avoir 16 ans, c’est déjà être un·e citoyen·ne qui fait des choix importants.

Le droit de vote à 16 ans existe déjà à l’étranger

En Europe, l’Autriche et Malte ont déjà fixé l’âge du vote à 16 ans à toutes les élections et sans condition. Résultat : 90 % des jeunes qui ont accédé à ce droit l’ont exercé dès le premier scrutin en Autriche.

L’idée est acceptée… mais pas mise en oeuvre

En France, rares sont les élu·e·s qui s’opposent farouchement au droit de vote à 16 ans. Même le président Macron a laissé la porte ouverte. Et pour cause : personne ne veut se mettre à dos les futur·e·s électeurs et électrices… En même temps, après plus de 20 ans de débats, la mesure n’est toujours pas passée.