Mia L. 24/03/2022

Accro à la fête, je bois pour combler le manque

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Pour oublier sa solitude et se sentir heureuse, Mia sort danser en boîte et a pris l'habitude de boire, parfois seule.

Le 11 septembre 2021, je suis allée en boîte pour la première fois. Même s’ils ont passé en boucle du Jul et des musiques de TikTok, je me suis amusée. En partie parce que j’avais deux grammes dans le sang.

Depuis un mois je sors tous les soirs, même en semaine, toujours accompagnée de bières ou d’un flash de vodka. En gros pour sortir autant, je fais le mur. Vers 21h30, 22 heures, je pars par ma fenêtre. Je reviens toujours quand la soirée se termine, ça varie, entre 3 heures et 6 heures.

Boire seule, et rejoindre des amis pour sortir

Chaque soir je peux passer deux à trois heures seule à boire dehors. J’essaie toujours de trouver un nouvel endroit cool où il n’y a personne. Seulement après avoir bu, je rejoins des amis que je considère assez peu.

Sans alcool, je m’ennuie, je me sens vide. Alors que dès que je suis bourrée je suis trop heureuse, je me sens moi-même, c’est génial.

Une fois que je suis un minimum saoule, je pars, et chaque soir le même algorithme se met en place : rentrer en boîte, prendre des verres et me mettre devant le mec qui mixe. À partir de là, je peux passer des heures devant à danser seule, les yeux fermés.

Ce moment sera toujours le seul où je me sens juste vivre sans plus aucune pression, comme si j’étais dans une bulle sans personne, juste avec de la musique.

Danser sans drogue dure

Il y a deux semaines, j’ai passé mon samedi soir dans une boîte de tech. J’étais entourée de gens sous drogue dure dont mon copain avec qui j’y étais. De 23 heures à 5h30 j’étais seule devant la table de mixage, toujours à danser les yeux fermés.

J’ai jamais tapé de dure et c’est pas prévu. Je sais que si j’essaie, je vais tomber dans un truc que je contrôlerais plus.

Quand je ferme mes yeux j’ai l’impression de me détacher de tout, que toute ma tête se vide, que tous mes problèmes disparaissent. Mes problèmes sont assez ordinaires pour mon âge ; les garçons, les amis, etc.

Chercher à combler le manque

Avant cet été, je pouvais sentir mes problèmes disparaître seulement en étant avec mes deux meilleurs amis. Hadda, ma meilleure amie depuis un peu plus d’un an. Elle a 19 ans et elle est dans une école de commerce. Et Mathias, son copain, mon ami depuis huit mois. Je le vois comme un modèle, un grand frère parce qu’il arrive à mettre toute son énergie dans ses projets (sa marque de sapes) sans jamais être déconcentré par des futilités. En septembre ils sont partis à Lyon. Depuis, je cherche quelque chose qui comblera le manque qui s’est installé.

Quand ils sont partis j’ai rencontré mon copain, enfin je sais pas vraiment si c’est mon copain mais bon. Avec lui, je peux passer plusieurs jours sans boire ni faire la fête. Mais je qualifierais notre relation d’instable, il m’aime le lundi et me déteste le jeudi.

Ce qui installe un stress en moi. Je peux me lever en me disant qu’il est amoureux de moi et m’endormir en sachant que je ne suis plus personne pour lui. C’est un vrai connard. Si je l’attends pour avancer, ça ira jamais. Je me dis nique sa mère, j’avance seule, et je mets mon énergie uniquement pour moi.

Mia, 17 ans, lycéenne, Nancy

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1 réaction

  1. Il est triste pour moi ce soir de me sentir aussi concerné par ce témoignage. Je m’appelle Amine, et je ne me suis jamais senti aussi invisible dans cette ville où, la plupart des gens semblent vivre avec une réalité qui est pour moi insupportable si je suis sobre. J’ai commencé cette routine il y a deux semaines maintenant. Deux semaines que chaque soir, j’ai prends pour habitude de boire, cette bière, ce chardonnay, ce pinot gris où que sais-je d’autre. Il aura fallu que je tape mot pour mot sur cette barre de recherche google :

    « Boire pour sortir ».
    « Boire pour sortir » oui. Non pas « Sortir pour boire ».

    Tout cela, pour que je tombe sur le témoignage d’une fille de 17 ans qui mal/heureusement confirme la détresse dans laquelle je semble avoir mis les pieds.

    En même temps, on se sent moins seul. Peut-être que bientôt, j’aurais la possibilité d’émettre un sourire sincère, sans avoir bu quoi que ce soit, pour des gens qui, comme Mia, ont une place quasi inexistante dans mon cœur.

    Caen, un passager de la Rue Froide

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