Grâce à mes amis queers, je m’assume
Mes parents disent que les personnes transgenres sont des « malades mentaux ».
Je ne rentre pas dans leurs standards et ce qu’ils attendent de leur enfant. Alors j’ai eu du mal à m’avouer que je n’étais pas une fille. C’est compliqué, tu possèdes un corps, tu as l’impression que ce n’est pas le bon et en plus, tes parents ne t’acceptent pas tel que tu es. Quand ma mère a découvert que j’avais une copine au collège, j’ai eu droit à : « Ce n’est qu’une phase » ; « Tu es trop jeune, tu ne peux pas savoir » ; « Y a pas de ça chez nous. »
Heureusement, depuis la première, j’ai le même groupe d’ami·es. On est six, toutes et tous queer. Elles et ils sont là pour moi, et vice versa. Je ne me sens plus seul·e, je peux être moi-même, et j’ai enfin compris ce qu’était une vraie amitié.
Ensemble face aux remarques transphobes
J’ai rencontré mon·a meilleur·e ami·e grâce à un ancien pote. On s’est énormément entraidé·es sur la question du genre. Iel s’identifiait au début comme demi-fille, genderfluid, et maintenant non-binaire, comme moi. Quand on était désigné·es par « elles », on ne se sentait pas très à l’aise. Alors on s’est beaucoup renseigné·es sur internet et les réseaux.
Ensuite, il y a eu ma copine actuelle. Quand on s’est rencontré·es, on a parlé Marvel, dessins animés, séries, de ses passions et des miennes. Puis un jour, elle m’a avoué qu’elle était bisexuelle. De mon côté, je lui ai expliqué que j’étais pan, et que je n’avais pas de genre précis, qu’elle pouvait utiliser tous les pronoms. On s’est mis·es en couple quelques mois plus tard et on a reçu beaucoup de remarques homophobes. Surtout au lycée, pendant les moments de pause et à la récré. Des « Qu’est-ce qu’elles font ? Ewww ! » et des regards de dégoût, de jugement, alors que je ne faisais que lui prendre la main. Même si c’est dur, on arrive à passer outre grâce à notre groupe.
Ma pote trans, je l’ai rencontrée après avoir fait une bourde en sport. La prof a dit « les filles », et j’ai réagi en disant qu’il y avait un garçon. J’avais utilisé son deadname. C’est plus tard, quand nous n’étions que toutes les deux, qu’elle m’a dit qu’elle voulait être genrée au féminin. J’étais la première personne à qui elle osait en parler. Moi aussi, j’ai pu lui dire que je voulais être appelé·e différemment. On a décidé d’en parler aux profs. J’ai porté mes couilles. Elles et ils l’ont tous bien pris, même si certains utilisent encore mon deadname. J’ai décidé de ne pas en parler à ma prof d’anglais car elle a des propos transphobes. Pour elle, le pronom iel n’existe pas. Je ne veux pas avoir de problème, j’ai peur qu’elle me regarde ou qu’elle me note autrement.
Quand on me genre mal, il y a toujours cette petite voix qui me dit : « Arrête d’emmerder les gens, iel n’existe pas et personne ne respectera tes pronoms casse-couilles. » J’essaie de les faire taire.
Mes ami·es et moi, on s’est aidé·es dans les moments les plus compliqués. Face aux remarques reçues dans les couloirs et aux propos transphobes des élèves. Quand les profs et les élèves utilisent les mauvais pronoms, quand je ne peux pas utiliser l’écriture inclusive et que je dois me conformer aux règles de grammaire classiques en me genrant au féminin… Et tout bêtement, elles et ils m’ont encouragé·e à me couper les cheveux. Pour la première fois de ma vie j’ai eu la coupe qui me correspondait. C’est un des moments qui fait partie de mon épanouissement, je ne l’oublierai jamais. J’ai même mis le ticket de caisse du coiffeur sur le mur de ma chambre !
Axel, 17 ans, lycéen·ne, Cergy
Je trouve ça très courageux de ta part d’avoir fait ce témoignage