À Amsterdam : les profs étaient mes potes
Il y a quatre ans je ne me serais jamais dit : « Ma vie me manque à Amsterdam. » J’arrive dans ce collège-lycée où était ma sœur avant de partir à Amsterdam. Ça me fait chier d’être là. En plus de ça, je redouble alors que j’avais 14 de moyenne et une vie incroyable. Bref, du coup les gens ont un an de moins que moi, mais ce n’est pas ça le problème, nouvelle école : nouvelles personnes qui vont me prendre la tête, super quoi…
J’arrive dans la cour et une meuf me saute dessus et me dit « Ah tu es nouvelle. » Je la regarde en mode : « C’est quoi ton problème à me sauter dessus le jour de la rentrée à 8 heures du zbarre. » Je lui réponds d’un ton glacial : « Oui je suis nouvelle. » Puis après, on a dû se mettre en rang dans la cour pour aller en classe, la blague… À Amsterdam, j’arrivais à 9 heures tous les jours, je mettais mes affaires dans mon casier, et j’allais dans ma salle de cours.
Des approches très différentes
La directrice arrive pour nous présenter le collège-lycée avec un micro à moitié cassé. Alors qu’à ma rentrée à Amsterdam, on était assis sur des chaises, devant une scène avec de la musique et un PowerPoint pour nous présenter le collège-lycée. Le directeur était venu en baskets, t-shirt et pantalon. J’ai halluciné quand j’ai vu ça, alala les Néerlandais c’est quelque chose.
Une fois que la directrice s’est présentée, on monte pour aller en classe. Là, elle m’arrête pour me dire que je vais être collée, parce qu’il y avait un petit trou dans mon pantalon. Je lui ai dit : « Scuse me ? » Puis elle m’a dit : « C’est vous là nouvelle d’Amsterdam, juste parce que vous êtes nouvelle je vous colle pas mais prochaine fois 2 heures compris. » Je lui réponds : « Je m’appelle Louise, pas la nouvelle d’Amsterdam, Madame la Directrice. », et je me barre. Dans ma tête je me suis dit : « Quelle connasse celle-là avec sa tête de Playmobil. »
J’arrive en cours et j’apprends que ça sera ma seule classe jusqu’à la fin de l’année. Alors qu’à Amsterdam, je changeais de classe tous les jours. Et tous les cours allaient être en français, alors que j’étais habitué à avoir des cours en anglais et en français.
Les profs ont les yeux vides
Les mentalités sont tellement différentes, les gens jugent ici, à Paris. Si tu n’as pas 15/16 de moyenne tu es considéré comme un élève nul et sans avenir. Tu t’habilles comme ça, tu seras jugé et mis dans une case. À Amsterdam tout le monde s’en fout de la manière dont tu t’habilles. Si tu es une fille ou un garçon. Les cours, tant que tu as compris le sujet et que tu évolues au fil du temps, ça sera ta meilleure note.
J’avais des relations avec mes profs après les cours, je tutoyais mes profs, ou je les appelais par leur prénom. On parlait de nos vies avec, à la main droite un café ou chocolat chaud, et à la main gauche une viennoiserie, il y avait une machine à café dans la classe. On rigolait sans même parler des cours, comme si on faisait de nouvelles connaissances. Alors que 10 minutes avant, elle me gueulait dessus parce que j’avais mal fait mon exercice.
À Paris les profs ont les yeux vides, tu écris ton cours, tu écoutes, tu fais ton exercice, tu as pas compris je t’explique, ou pas… La sonnerie sonne, « à demain les élèves. » Aucune adaptation à la classe et aux élèves, aucun effort. Juste faire son taff pour gagner de la thune.
Des relations profs-élèves saines
Il y a eu énormément de larmes pour mon départ de la part de mes potes, aussi de ma prof d’histoire géo/économie, Mrs Larsson. On avait une très bonne relation. Je lui disais quand j’allais mal ou si je ne comprenais pas tel cours. Aussi on bitchait énormément sur les autres profs, c’était juste hilarant.
J’ai une anecdote avec elle qui est tellement drôle. Dix minutes avant son cours, j’étais avec elle dans la classe, et on bitchait sur une prof à côté de sa salle, sur ses chaussures qui étaient vraiment horribles à notre goût. Et puis pendant son cours, la prof en question est venue chercher des feuilles. Et là, avec Larsson on s’est regardé et on a juste explosé de rire en plein cours…
Tout pour retourner dans ce lycée d’Amsterdam
Ça aide énormément d’avoir des relations avec les profs. Tu arrives en cours, t’es pas là à te dire : « Vas-y je vais l’écouter parler pendant 55 minutes. » Non t’y vas aussi parce que tu es à l’aise dans la classe, avec la prof, et tu sais que le cours ne sera pas basé que sur le silence absolu, et que le prof arrivera à te faire rire ou te taquiner. Mais quand il fallait travailler, on travaillait. Aucune exemption. Tu te rates, tu te rates. Mais derrière ça, on sait que le prochain cours sera sur le contrôle raté, ou des explications. Moi j’avais 14 de moyenne générale et avec ces deux profs j’avais 15.
Les profs et les élèves savent bien faire la différence entre, être en cours et en pause, même si parfois, en cours il y a des moments « amicaux ». Mais si tu ne travailles pas, c’est pour ta gueule, même s’ils t’aideront. La manière dont ils enseignent là-bas et leurs techniques sont différentes. Et les punitions c’est chaud pour nos fesses, le manque de respect n’est pas tolérable comme partout.
Je ferais tout pour retourner dans ce lycée alors que de base je déteste ça. Si un jour vous avez la chance de partir à l’étranger même si votre vie est parfaite là où elle est, et qu’il y a vos amies, partez. Et vous verrez par vous-même à quel point la vie est différente. J’espère que vous aurez la chance d’être proches de vos professeurs comme je l’ai été.
Lou, 16 ans, lycéenne, Paris