Baptiste B. 04/05/2022

Se battre pour ne pas être perçu comme faible

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Pour Anthony, c’était pas une simple bagarre : c'était se défendre pour ne pas être vu comme un faible, par les autres et par lui-même.

Ça a commencé comme ça. Quand j’étais au collège, en classe de 3ème, un mec ne voulait pas m’adresser la parole, sans raison valable. Peut-être qu’il n’aimait pas ma gueule ou me trouvait débile.

Au fil du temps, son refus de me parler s’est transformé en insultes. Des insultes sur ma famille, sur moi. Il me disait : «Fils de pute, tu vas voir, je vais te tuer» . Je ne comprenais pas. Ça n’était jamais suivi d’actes. Je ne le calculais même pas. Je le laissais parler sans lui répondre. Le gars, je ne le connaissais pas, je le trouvais bizarre. Mes potes eux l’insultaient mais je leur disais de laisser tomber. Les profs ne voyaient rien du tout.

Un jour, j’étais en train de jouer à la Playstation avec des potes sur GTA 5 en ligne. Et à un moment, il a rejoint le chat et a commencé à m’insulter. Il était « ami » avec l’un de mes potes et comme le chat était en accès libre, il a pu rejoindre la discussion. Je n’avais pas peur de lui. Il pensait me harceler mais ça ne me faisait rien. Moi, je m’en fichais de ses insultes. Son attitude ridicule nous faisait rire, mes potes et moi, puis on a fini par le ban [“bannir”] du chat.

Compétition ridicule

Vers le mois de décembre, en EPS, son acharnement monte d’un niveau. Le mec vient vers moi et me bouscule. J’avais la haine. C’était la goutte de trop. Le gars me touche et me bouscule alors que je ne suis pas tactile. À mon tour, je le pousse à terre. Il se barre comme si de rien était. Il m’a ignoré ensuite quand on s’est recroisé en cours, il est vite parti. Je pensais qu’il avait compris et fini par abandonner cette compétition ridicule, dont le but était de montrer qui est le plus fort.

Mais une semaine plus tard, il se met à reprendre son cirque : insultes, moqueries sur mon physique, provocations. Un jour il a eu le mot de trop. Il sort une insulte sur mon grand-père décédé. Et là, s’en était trop. Je porte le premier coup, je le frappe en plein visage. On était dans les couloirs du collège. Des élèves étaient présents et assistaient au spectacle. Il a tenté de riposter mais il était mal à cause de mon premier coup. Il était comme k.o debout, il perdait l’équilibre. C’est vrai que j’y avais été un peu fort. Je l’ai ensuite plaqué au sol et je l’ai maîtrisé. Il n’arrivait plus à bouger et il a pleuré. Un autre élève, grand et costaud, a fini par nous séparer.

Montrer qui est le plus fort

Pour moi, le frapper était la seule solution. Pour le calmer, j’aurais pu choisir d’en parler au CPE. Mais cela n’aurait pas suffi, il fallait que je montre qui était le plus fort de nous. Et parler, se plaindre, c’est être faible. Je sais me défendre par moi-même. Je suis fier de ce que j’ai fait ce jour-là, je n’ai jamais eu de regrets par rapport à cette histoire, j’espère que ce gars a souffert. À l’école, en particulier quand on est un mec, c’est important de montrer qu’on sait se battre. Se défendre, qu’on ne se laisse pas marcher sur les pieds. Sinon, des gens en profitent pour vous harceler.

Évidemment, le lendemain de la bagarre, j’ai été convoqué chez le CPE. Et je me suis pris un rapport disciplinaire. Je leur ai expliqué qu’il me provoquait depuis des mois en m’insultant, en me mettant à bout. Personne ne m’a cru. Pour eux, comme je l’ai frappé, je suis en tort, voilà la conclusion. Les profs étaient sur mon dos les jours suivants, me prenaient pour un gars méchant. Ils me surveillaient dans les couloirs. Dès que je faisais une connerie en cours, j’étais puni direct.

Le gars, lui, ne m’a plus jamais saoulé après la baston. Dans tout le collège, j’étais perçu comme un gars violent. Tous les mecs avaient peur de moi. Plus personne n’a cherché à m’embrouiller. Ce jour-là, j’ai montré à tout le monde que je n’étais pas un faible. J’en suis fier.

Baptiste, 16 ans, lycéen, Bourbourg

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