Gabriel F. 09/05/2023

Une blessure de sport qui m’a fait du bien

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Gabriel a un rêve : faire carrière dans le basket. Après une blessure, il réalise qu'il faudra prendre soin de son corps et de son esprit.

Un sportif littéraire dans une famille de matheux, ça frôle le conflit diplomatique ! Ma passion dans la vie, c’est le sport. Enfin il y a d’autres choses qui m’intéressent bien sûr, comme la musique ou le journalisme, mais le sport, vraiment, c’est autre chose. Je fais du basket depuis que j’ai 5 ans et je ne me vois absolument pas arrêter un jour. J’aimerais même en faire mon métier plus tard, quitte à désespérer ma famille composée à 100 % d’ingénieurs et de profs de maths.

Heureusement, je ne suis pas trop à plaindre. Mes parents me soutiennent dans mes choix. Quand je leur ai dit l’an dernier que je voulais intégrer la section sportive de mon lycée, ils m’ont aidé à fond et ça m’a beaucoup motivé pour avancer. Bon, j’avoue qu’au quotidien je dois subir les blagues de mon père sur mon « petit cerveau de sportif »… mais c’est pour me chambrer, je sais bien qu’il ne le pense pas vraiment !

Évidemment, un métier qui soit en lien avec le sport, ce n’est pas une voie facile. Depuis que j’ai décidé de suivre ce chemin, j’ai développé une terreur absolue vis-à-vis des blessures et autres inaptitudes. Je redoute déjà qu’un jour il me soit physiquement impossible de continuer à pratiquer une activité physique. Rien que d’y penser, j’en ai des frissons d’horreur.

Une blessure traumatisante

Autant vous dire qu’il y a deux mois, quand je me suis tordu la cheville pendant un entraînement (et fracturé la malléole au passage), je n’étais pas au top de ma forme physique et mentale. Cette blessure a été un épisode assez traumatisant. Ça ne m’était jamais arrivé avant, donc je ne savais pas vraiment comment réagir. C’est quand je me suis relevé et que j’ai été incapable de poser mon pied par terre que j’ai compris que je venais de faire une connerie.

Le pire dans tout ça, ce n’était pas vraiment la douleur physique (elle était largement supportable), mais plutôt le sentiment de culpabilité qui grandissait en moi à chaque instant. Culpabilité déjà envers mon coéquipier, sur le pied duquel j’étais retombé. Culpabilité aussi vis-à-vis de toute mon équipe et de mon coach. Je venais de les laisser tomber, sans doute pour plusieurs semaines de championnat.

Après le diagnostic du médecin le lendemain, j’ai enfin commencé à réaliser à quoi ma vie allait ressembler pendant les prochaines semaines. J’ai eu ce déclic en sortant de l’hôpital. Quand j’ai dû monter dans la voiture de ma mère avec des béquilles… ça m’a bien pris cinq minutes !

Privé de ma passion

Les semaines suivantes ont été vraiment longues pour moi. J’étais privé de ma plus grande passion ! C’est pour ça que j’ai essayé de me renseigner un peu plus sur les blessures et comment s’en préserver au mieux. Petit problème, c’est vraiment dur de trouver des infos là-dessus ! J’ai demandé à mes proches, mais ils n’en savaient pas beaucoup plus que moi. J’ai cherché sur internet aussi, mais ça n’a pas été d’une aide miraculeuse non plus. Heureusement, ma mère a trouvé une kiné formidable qui m’a bien aidé.

Elle m’a donné beaucoup de conseils très utiles pour prévenir au maximum une blessure. Elle m’a, par exemple, invité à m’étirer au moins dix minutes tous les jours et à travailler ma souplesse, pour que les articulations soient bien renforcées. Ça a été très utile. Je ne me suis pas blessé depuis, et je sens même que mon corps est plus solide qu’avant.

Le sport c’est aussi psychologique

Que ce soit avec ma famille ou mes amis, j’ai eu droit à un soutien extraordinaire. Soutien moral déjà, puisque tous me poussaient à me rétablir au plus vite ; soutien plus matériel également, puisque chacun faisait de son mieux pour m’aider au quotidien. Même les profs étaient prévenants, c’est pour vous dire ! Ce soutien a été très efficace. Il m’a permis de supporter plus facilement ces semaines d’enfer, à me promener partout avec des béquilles trop petites (en même temps quand on fait deux mètres, faut pas s’étonner).

Cette entorse a presque été bénéfique pour moi. Elle a changé ma vision du sport : elle m’a appris à chercher davantage mes limites et à les respecter, à appliquer une routine beaucoup plus stricte qu’avant en matière de récupération, de nutrition et de renforcement musculaire, et enfin à relativiser vis-à-vis des blessures.

Une blessure qui m’a ouvert les yeux

Évidemment, je ne suis pas en train de souhaiter à tous les sportifs de se blesser un jour pour changer leurs habitudes et leur mode de vie, mais bon… pas loin en réalité ! Je m’explique : cette blessure a eu un tel impact sur moi que je ne peux pas croire une seule seconde qu’il s’agisse d’une simple coïncidence.

On se pense très souvent invincible, on croit être l’exception qui passera au travers des mailles du filet. On reste persuadé d’échapper aux blessures indéfiniment. Jusqu’au jour où la réalité nous rattrape, que ce soit par une petite entorse, une déchirure, ou même une fracture qui sait ? Et alors là… il vaut mieux avoir un mental et une détermination à toute épreuve pour ce qui va suivre. Tant pour s’en remettre correctement, que pour pouvoir en tirer une leçon qui nous rendra irrémédiablement plus fort.

Gabriel, 16 ans, lycéen, Toulouse  

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