Confiné, j’ai vécu comme un vampire, perdu chez moi
C’est arrivé lors du dernier confinement. Dès la première semaine. Mon rythme de vie a complètement changé pendant la fermeture des lycées, en avril 2021. Plus les jours passaient, plus je me décalais. J’ai commencé à me coucher à 5 heures du matin pour me réveiller vers 14 heures-16 heures. Vers la fin du confinement, je me réveillais à 21 heures. Dans ces moments-là, je me sentais comme un vampire, perdu dans un autre monde. Je ne voyais plus ma famille, alors qu’on vivait sous le même toit.
Quand ça a commencé, j’avais l’impression de rater mes journées. Puis je me suis habitué. Je prenais ma douche vers 21 heures et j’allais manger. Là aussi c’était n’importe quoi. Tous les soirs c’était grecs, frites, burgers… que du fast-food, alors que mes parents cuisinaient. Puis j’allais sur les réseaux, sur la Play ou sur Netflix.
C’était les vacances avant l’heure. Je me sentais heureux de ne plus avoir école, c’était génial. Je n’avais aucun cours en distanciel et pour les devoirs, je n’avais pas la motivation de m’y mettre. Pour sortir j’étais obligé d’avoir une attestation de déplacement. C’est drôle de se dire qu’il faut avoir un motif valable pour sortir. Le soir, il n’y avait personne dans les rues. J’étais seul. J’allais au stade vers 4 heures-5 heures du matin pour faire du sport et courir. Parfois, vers 9 heures du matin, je recevais des amis à la maison. Je n’ai jamais respecté cette règle de 6 personnes maximum. Puis j’allais me coucher.
Ça m’a rendu fou au bout de deux semaines
Au début, pour m’occuper, j’aimais bien passer du temps sur les réseaux sociaux ou jouer à la Play mais à force ça m’a saoulé. Tout ça c’est la faute du Covid-19 qui a tué nos vies… Et du gouvernement qui a décidé de mettre plusieurs confinements et couvre-feu. Ils veulent préserver notre santé physique, mais ça impacte notre santé mentale de rester à la maison. Moi, ça m’a rendu fou au bout de deux semaines. Je faisais des crises de colère pour rien.
Puis ça va créer d’autres problèmes. Certes il y a beaucoup moins de cas, mais il y a des personnes qui ont perdu leur travail. Rien que pour trouver mon stage, j’ai mis 6 mois alors qu’en temps normal c’est beaucoup plus court. Et les jeunes sont en manque de motivation. Ils n’y arrivent plus en cours. Je m’en sors car j’avais une bonne moyenne, mais elle a un peu chuté avec tout ça. Je suis passé de 17 à 12. Il m’a fallu une bonne nuit blanche avant de retrouver un rythme normal. J’ai pu rattraper depuis la reprise des cours, mais je suis toujours à 14.
Thomas, 17 ans, lycéen, Aulnay-sous-Bois