Une école d’art, il y a moyens ?
Je dessine depuis que je suis tout petit, j’ai toujours adoré ça, mais comme mes grands-parents et mon entourage me le disent, l’art, « ce n’est pas ça qui ramène le pain à la bouche ». Dans ma famille, c’est l’argent avant tout, depuis toujours. Et ça, ça risque d’impacter mes choix d’études.
Mon papi du côté de mon père, il tenait un magasin de vente d’appareils photo à Paris avant de descendre dans le Midi pour faire de l’huile d’olive : il a travaillé non-stop quand il était jeune avant de pouvoir faire ce qu’il voulait.
Quand j’ai eu 13 ans, mon père a fait ses bagages, et je ne l’ai revu en personne qu’en de très rares occasions. Ma mère est femme au foyer et dépendante des pensions qu’il nous refile. On ne mange plus comme avant. Avec cinq bouches à nourrir à la maison… Elle nous dit qu’il faut faire attention à ce qu’on achète, ça change comparé à avant. On sort moins pour s’acheter des fringues et, quand je demande quelque chose en particulier, ça se limite aux anniversaires et à Noël.
Je sens que ça se reflète sur moi. Je réfléchis déjà à comment je vais faire pour gagner des sous plus tard.
Faire de l’informatique comme mon frère ?
L’école d’art, c’est un projet que j’ai depuis un moment, qui me tient à cœur, et ça me fait d’autant plus stresser. C’est un milieu professionnel hyper compétitif et il faut vraiment se démarquer pour pouvoir vivre de ça sans avoir de jobs à côté. Mon prof d’art semble être confiant dans mes capacités et me dit de viser des postes de direction, genre directeur artistique ou créatif, ou réalisateur, mais est-ce que j’en suis capable ?
Ça m’arrive de réfléchir sur : « Est-ce-que c’est réellement ce que je veux faire ? » J’ai déjà pensé au fait qu’il faille peut-être changer d’orientation. Que je devrais peut-être partir faire de l’informatique, comme mon grand-frère.
Une école d’art privée, ce n’est pas gagné
J’en ai parlé avec ma mère, elle m’a rassuré plus qu’autre chose. Sachant que j’ai une grande sœur qui est déjà indépendante en tant qu’artiste : si elle y arrive, ben… moi aussi, de toute évidence. Dans le cas où non, elle me dit que j’ai toute la vie devant moi et qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre d’autres choses. Les écoles privées sont les plus intéressantes de mon point de vue, comme e-artsup : mais il faut que je fasse attention, parce qu’elles sont plus chères et je ne peux pas demander de bourses à l’État, puisque mon père gagne déjà assez d’argent.
J’ai toujours vécu dans une grande maison, avec un grand jardin, de beaux chiens, une piscine et tout ce qui vient avec. Je ne veux pas m’en séparer, vivre ici c’est génial. Je me demande si ça me manquera une fois que je serais indépendant.
Côté école, ce sera le strict minimum : déjà que mon père refusait de payer un appart pour ma sœur quand elle faisait ses études à Paris, alors une école privée… Ce n’est pas gagné. Et pour ma mère, reprendre un travail, c’est compliqué. Elle est femme au foyer depuis vingt-cinq ans : se retrouver dans un autre milieu et dans un autre pays que là où elle a eu ses diplômes, c’est un calvaire pour travailler. On est dans un endroit un peu étrange financièrement… Surtout depuis que mon père est parti.
Mirabeau, 17 ans, lycéen, Villiers-le-Mahieu