Emma H. 16/11/2023

Effacer les ratures de mon passé

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Les parents d’Emma avaient l’habitude de la punir en lui faisant recopier des centaines de lignes, comme à l’école. Des punitions qui auraient pu la dégoûter de l'écriture, mais c’est tout l’inverse.

Je faisais tout pour éviter les ratures. Sinon, je devais recommencer toute la page. Je n’avais pas le choix. Cela faisait partie de la punition. Le plus dur était de rester éveillée car je devais finir avant de pouvoir espérer dormir. Il m’arrivait de commencer vers 18 heures, et de finir vers 4 heures du matin.

Comme beaucoup d’enfants, j’ai souvent été punie en recopiant des lignes (parfois plus de deux cents). Mes parents n’avaient pas vraiment la notion de quantité. À force, j’avais créé mon propre jeu. Mon cerveau avait créé une sorte de défense pour ne pas penser au nombre de lignes, et au temps qu’il fallait pour les recopier.

Par exemple, je m’amusais à écrire de plus en plus petit pour loger la phrase sur une seule ligne. Pour faciliter la relecture de celui qui m’avait sanctionné, je numérotais chacune d’entre elles, en sautant parfois quelques-unes.

Maintenant, l’écriture n’est plus une corvée ou une punition comme quand j’étais plus jeune. Au contraire ! Écrire me permet de me vider la tête et de prendre du recul sur mon quotidien.

Regarder vers l’avenir

Lorsque j’étais encore à l’école, j’écrivais de courtes histoires pendant mes heures de pause. C’était un moyen de donner vie à mon imagination, sans aucune restriction ou inquiétude venant de la vie réelle. J’imaginais des histoires dans lesquelles j’étais le personnage principal. Je pouvais y contrôler mon destin et vivre des aventures. Tout ce que je ne pouvais pas faire dans le monde réel.

Je m’amusais ensuite à réécrire le même texte, mais en l’arrangeant. Ne supportant pas les ratures, il pouvait m’arriver de le recopier plusieurs fois. Je voulais que mes histoires soient propres et belles. Je cherchais la perfection.

Quand j’écris, mon esprit se libère de toutes les charges qui pèsent sur lui. Je me sens libre, alors que d’habitude je me sens enchaînée à ma vie et à mon corps. Cela me permet aussi d’effacer les ratures de mon passé. Je peux le réinventer pour le rendre meilleur, voir les choses différemment et me préparer psychologiquement aux évènements à venir. Je peux enfin regarder l’avenir sans regretter mon passé.

Emma, 20 ans, en formation, Ille-et-Vilaine

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