Covid : deux ans sans ses parents
J’ai pris un vol seule avec ma petite sœur, accompagnées d’une hôtesse de l’air, pour rejoindre mes grands-parents en France. Je laissais derrière moi mon père et ma mère. Ils devaient nous rejoindre après s’être mieux organisés, trois à quatre mois maximum. Malheureusement, le Covid-19 est apparu : les écoles ont été fermées et les frontières aussi, ce qui a empêché ma mère de nous rejoindre comme prévu. Deux ans se sont écoulés. Il a fallu grandir, j’ai mûri et j’ai appris qu’avoir la responsabilité, ce n’est pas facile. Mais ça vient avec le temps.
Beaucoup de questions dans ma tête
Chaque été, je partais avec ma mère et ma sœur d’Égypte vers l’Algérie ou la France pour passer les vacances. Je ne sentais même pas le temps passer à bord de l’avion, mais pendant ce dernier vol, j’ai eu l’impression que c’était très long. Tout au long du voyage j’ai pensé aux paroles de ma mère qui me disait que je devais m’occuper de ma sœur pendant son absence, et qui demandait aussi à ma sœur de ne rien faire avant de m’en parler.
Là, j’ai compris que je devais grandir par la pensée, je n’allais pas seulement être responsable de moi-même mais aussi de ma sœur. Plusieurs questions me venaient à l’esprit : la France c’est une culture différente de la nôtre, est-ce que ça sera facile de s’adapter ou pas ? Les études seront comme notre école ou plus difficile ? Est-ce qu’on aura de nouveaux amis ou pas ? Si un de mes grands-parents diabétiques tombait malade, qu’est-ce que je ferais ?
Des débuts un peu difficiles
Arrivant en France pour la première fois dans notre vie loin de notre mère, ce n’était pas facile moralement. La vérité, mes grands-parents faisaient tout pour nous satisfaire et nous mettre à l’aise. Ma petite sœur, heureusement pour elle, a été scolarisée après un mois seulement mais, moi, ça a été un peu compliqué.
J’ai trouvé les trois premiers mois difficiles : j’accompagnais ma sœur à l’école, je révisais avec elle, j’aidais ma grand-mère à la maison… J’avais même perdu espoir d’être scolarisée. Heureusement, ma mère était avec moi au téléphone presque toute la journée. Sept jours sur sept, elle me remontait le moral, me conseillait, m’orientait et m’aidait à comprendre pour que je devienne plus mature.
La clé, c’est la confiance en soi
Depuis que ma sœur a réussi à être scolarisée, je me réveille tous les matins pour voir si elle est bien habillée, bien coiffée, si elle a bien pris son petit-déjeuner… En faisant cela, je me rends compte que je fais exactement la même chose que ce que notre mère faisait tous les matins. Le soir, je fais les devoirs avec ma sœur quand elle rentre, je cuisine pour mes grand-parents, je leur fais les courses, c’est devenu pratiquement mon quotidien.
J’ai appris à avoir confiance en moi, que je pouvais le faire toute seule, réussir ma vie sans l’aide de personne. Me voici actuellement en terminale, je vis bien ma vie de lycéenne tout en étant une personne responsable. Au départ, ce n’était pas facile de s’adapter mais, au fil du temps, je me suis organisée. J’ai réussi à bien me débrouiller. Si moi j’ai réussi à le faire, c’est que vous aussi ! Vous pouvez mûrir, grandir et maturer facilement, la clé c’est d’avoir confiance en soi !
Ma mère est venue nous rejoindre en octobre 2021, deux ans après. Même si ça n’a rien changé vu que je me suis déjà habituée à cette vie-là, l’avoir à côté de nous est agréable.
Mélix, 17 ans, lycéenne, Le Bourget
incroyable cette personne et cette histoire