Faire comme les autres pour ne plus être harcelée
En primaire, j’ai été harcelée par plusieurs garçons de ma classe parce que je m’énervais très facilement. Ils m’insultaient, me traitaient de « garçon manqué » et me poursuivaient dans la cour. À ma rentrée en sixième, j’étais très stressée. Lors de l’appel, quand mon professeur principal a appelé mon nom, je me suis dirigée vers ma place et au début de la rangée, j’ai vu un des garçons qui me harcelait. J’ai compris que ce n’était pas fini. J’ai dû retenir mes larmes.
Cette année-là, il a continué de m’embêter, de me rabaisser devant les autres garçons. Il insultait aussi ma famille. J’en ai parlé à mes parents. La CPE de mon collège était aussi au courant. D’abord, il n’a pas été puni. Rien ne s’est passé. Mes parents hésitaient à me changer de collège. Finalement, après plusieurs mois, il a été exclu.
Après tout ça, j’avais peur de me retrouver dans la même situation. Alors j’ai changé ma manière d’agir. Je voulais être comme tout le monde.
De nouvelles fréquentations
En cinquième, je me suis fait de nouveaux amis. Je me suis mise à sortir après les cours, à traîner avec des garçons qui fréquentaient des jeunes du quartier, qui fumaient et buvaient de l’alcool. En quatrième, mes amis ont commencé à imiter ceux du quartier et à partir en soirée le week-end. Ils essayaient de me convaincre de les rejoindre.
Par peur de revivre du harcèlement, j’ai accepté de fumer la cigarette électronique et d’aller en soirée avec eux, mais sans boire d’alcool. J’ai commencé à fumer du tabac avec mes amis. Parfois, on me proposait des roulées, mais je savais qu’il y avait de la drogue dedans, alors je refusais. Après ma rentrée en troisième, j’ai commencé à moins leur parler. Je n’allais plus en soirée. Par contre, je fumais toujours autant.
Une nouvelle surveillante est arrivée au collège. Je m’entendais plutôt bien avec elle. Elle m’a vue avec mes amis en dehors du collège. Je lui ai expliqué comment j’en étais arrivée là. Elle a essayé de me dissuader de fumer et m’a conseillée, au moins, de revenir à la cigarette électronique. J’ai suivi son conseil. Et surtout, mes fréquentations ont changé. Je continuais un peu à parler avec deux garçons, mais j’essayais de m’en éloigner car ils étaient nuisibles pour moi. Ils avaient décroché de l’école, fumaient beaucoup et vendaient de la drogue. J’ai finalement arrêté complètement de leur parler et j’ai arrêté de fumer.
Retrouvailles avec mon harceleur
Cette année, je suis en seconde. Dans ma classe, il y a ce harceleur qui était avec moi en primaire et au collège, mais il a changé. Il est devenu plus gentil avec moi. En plus, nous ne sommes pas dans le même demi-groupe, donc nous ne nous voyons pas souvent. Je préfère, car même si tout s’est arrêté, je ne veux pas que ça recommence, et je lui en veux toujours de m’avoir fait ça.
Si jamais, je sais que je peux contacter le 3018, un numéro gratuit que l’on peut appeler pour obtenir de l’aide. Le harcèlement touche de nombreux jeunes. Il ne faut pas avoir peur d’en parler, car c’est souvent comme ça que les choses s’arrangent.
Avec cette expérience, je suis devenue plus forte. Je ne me laisse plus marcher sur les pieds, et je n’ai plus peur d’être embêtée par d’autres personnes.
Marie, 15 ans, lycéenne, Brest