Zamina B. 10/07/2024

Foot féminin : un rêve empêché

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Dans le collège de Zamina en Haïti, le foot était réservé aux garçons. À défaut de pouvoir jouer, elle est devenue une supportrice passionnée.

Toute petite, à travers ma fenêtre, j’avais l’habitude de regarder les jeunes gens du quartier qui jouaient au foot durant leurs heures libres. Je me souviens aussi de la Coupe du monde de 2006, en Allemagne. Après chaque match, j’étais de plus en plus passionnée par ce sport.

Malheureusement, je n’ai pas pu pratiquer le football quand j’étais plus jeune. Dans mon collège en Haïti, il était réservé aux garçons. Là-bas, le système scolaire n’est pas comme celui de la France. La majorité des écoles sont des collèges privés et chacun d’eux offre des sports selon leurs capacités et leurs infrastructures.

Mon école était un collège mixte et très religieux. Les salles étaient divisées entre les rangs-filles et les rangs-garçons, et c’était difficile de jouer avec un camarade du sexe opposé. On était surveillés H24 dans nos faits et gestes. J’ai toujours été révoltée par cette absurdité, car nous étions des enfants pleins d’innocence. Mais les responsables de l’école l’avaient décidé ainsi, sans nous donner de raison valable. On ne pouvait que se plaindre entre nous, sans pouvoir agir afin de changer la situation.

Pourtant, le sport était enseigné, tout comme les mathématiques, la chimie, la physique… Chaque classe avait deux heures par semaine. Les filles et les garçons pratiquaient ensemble le fitness.

« Des rêves enfermés dans des tiroirs »

Les filles étaient obligées de faire de la broderie ou de la couture. C’était vraiment dur de se sentir réduite à des trucs qu’on suppose être le métier de la femme. J’ai passé toute ma vie sans pratiquer un sport particulier.

En grandissant, j’ai eu la chance de jouer au football, quelquefois avec mes frères, chaque fois que l’occasion se présentait. Par contre, j’ai grandi avec l’impossibilité de satisfaire mon envie : jouer au quotidien, et même en faire mon métier.

J’aurais aimé m’accrocher à quelque chose d’autre que les études. Si seulement j’avais eu la chance de toucher à un ballon… Peut-être que maintenant, j’aurais une carrière sportive, comme Serena Williams ou Melchie Dumornay.

J’ai beaucoup d’admiration pour ces femmes, en raison de leurs parcours pour arriver au sommet. Spécialement Melchie Dumornay : l’actuelle joueuse du club féminin de l’Olympique lyonnais. Elle est l’une des pépites haïtiennes. En la regardant jouer à l’échelle internationale, je me sens joyeuse. Elle a eu la chance de faire ce qu’elle désirait. Cela me plaît de voir des femmes en action, parce que je constate que les rêves de certaines ne restent pas enfermés dans des tiroirs.

Passionnée malgré tout

J’aime toujours le foot, mais le désir d’en faire fait partie de mon passé. Je prends toujours du plaisir à voir les autres jouer, et je regarde toujours des matchs. Je ne loupe jamais la Ligue des champions ! Pour le foot féminin, je regarde quand c’est l’équipe haïtienne qui joue.

Étant une fan du Real de Madrid, du Brésil et du Portugal, je prends du plaisir en regardant ces équipes jouer. Avant de venir en France, je regardais les matchs avec ma famille ou des amis. Je n’aime pas être seule devant la télé. De temps en temps, j’aime faire des commentaires sur chaque action des joueurs.

Maintenant, j’aimerais pratiquer le tennis et le billard pour le plaisir. Je pense qu’il est super important de pratiquer ne serait-ce qu’un sport dans la vie. Vu sa contribution au bien-être.

Zamina, 27 ans, étudiante, Seine-Saint-Denis

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