Ranime B. 09/03/2022

Grâce à une élève, mon harcèlement a pris fin

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Ranime a été harcelée pendant plus de deux ans au collège. Grâce à l'intervention d'une autre élève, les adultes ont enfin réagi.

En septembre 2015, deux jours après la rentrée scolaire en cours de technologie, j’entends un élève de ma classe parler derrière mon dos. Je ne sais pas réellement ce qu’il s’est dit, mais j’ai simplement entendu mon nom dans leur discussion. Comme auparavant, j’étais un peu timide, je n’ai même pas réagi à cette provocation. Mon harcèlement a commencé à ce moment.

À la fin du cours, l’élève en question a tapé sur ma tête et a sauté sur mon dos. Une surveillante du collège l’a vu et l’a sanctionné.

Harcelée à cause de mon front

Suite à ça, des remarques ont fusé à mon égard, à propos de mon « gros front ». C’était du genre :  « piste d’atterrissage », « le doliprane a du mal à localiser la douleur dans ton crâne », « ton front prend plus de place que la Tunisie sur la carte du monde » et j’en passe. C’était du harcèlement incessant et ça durait à longueur de journée.

Par la suite, certaines personnes ont commencé à s’attaquer à moi, physiquement. Ils tapaient sur mon front en rigolant, soi-disant pour le rétrécir. Comme vous le voyez, c’était complètement bête et déplacé. Les professeurs et surveillants n’y prêtaient pas attention, ils faisaient comme si de rien n’était. 

Se protéger, pour aider les autres

Je ne le prenais pas mal, mais c’était saoulant. Je n’ai jamais signalé mon harcèlement à l’établissement. C’est une élève de ma classe qui l’a fait plusieurs fois. Ce qui a suscité beaucoup de convocations avec la CPE, mes parents et les élèves en question. J’étais très réticente au fait d’être convoquée. Mais j’ai réfléchi, même si cela ne m’atteignait pas, ça pouvait atteindre les autres et les amener à faire des actes irréversibles. 

Ça a duré deux ans et demi, et ça s’est arrêté après qu’un élève soit passé en conseil de discipline. Après ça, il a été mis en sursis. C’est aussi le moment, où j’ai commencé à répondre aux remarques des élèves. Je n’étais donc plus une cible sur qui ils pouvaient s’attaquer. Comme ils me critiquaient sur mon physique, je faisais exactement la même chose et ils se sont rendus compte que ce qu’ils faisaient était complètement déplacé. Ça les a calmés, ils ont remarqué que quoi qu’il arrive, j’avais plus de répartie qu’eux et que personne ne m’atteindrait. 

Il faut que les personnes témoins de harcèlement le signalent. Sans ça, ça continuera. Les élèves témoins doivent convaincre les autres d’arrêter et faire comprendre que ce n’est réellement pas drôle. Il faut que les élèves responsables soient sanctionnés. Aujourd’hui si je vois quelqu’un se faire harceler, je l’aiderai à en sortir.

Ranime, 17 ans, lycéenne, Pierrefitte-sur-Seine

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