Rania G. 08/09/2024

Islam et volley : un équilibre compliqué

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Rania est musulmane et rêve de devenir joueuse professionnelle de volley, mais l'attitude des autres à son égard et les vêtements à porter pendant les matchs freinent ses ambitions.

J’ai peur. Peur que tout s’arrête. Tout, c’est le volley. Mon rêve, c’est d’en faire mon métier. Je suis déterminée à tout donner pour ça, mais aussi effrayée de ne pas y arriver. Pratiquer un sport comme le volley en étant musulmane entraîne beaucoup de questions. Quand j’en parle avec ma famille, ils me disent souvent : « Peut-être qu’un jour, on te verra à la télé », mais en rigolant.

Les seuls moments de la semaine que j’attends sont les entraînements, trois à quatre fois par semaine. Ils me font me sentir libérée de mes problèmes. Je me sens presque dans une sorte de bulle. Avec mon équipe, on joue principalement en championnat départemental, en Coupe de France et en coupe régionale.

Pour respecter ma religion, je suis couverte de la tête aux pieds, ce qui attrape vite le regard. Quand il fait chaud, j’ai droit à la fameuse question : « Tu n’as pas chaud, habillée comme ça ? » Souvent, je suis très heureuse de répondre aux questions, mais les regards me dérangent. Dans mon équipe, je ne suis pas la seule musulmane, mais je suis la seule couverte comme ça. Et pour ça, je suis traitée différemment. Il arrive que personne ne veuille se mettre avec moi lors des exercices. On m’ignore et des fois, je me sens presque invisible.

Il y a heureusement quelques personnes qui me voient et qui croient en moi. Mon coach de cette année, par exemple, c’est le seul à m’encourager et à me motiver, même quand je fais des erreurs stupides. Quand les entraîneurs des années précédentes auraient pu me faire sortir du terrain, lui me corrige et me rappelle que ce n’est pas grave. Souvent, il me pousse à être plus confiante et à croire plus en moi. Cette année, je crois davantage dans mon rêve que la moi de 12 ans. Elle pensait que ce ne n’était qu’une lointaine illusion.

« Si je dois choisir, ce sera ma religion »

Mais cela ne règle pas totalement le problème. Pour pouvoir jouer lors des matchs, il faut mettre le maillot du club. Il est petit, ce qui montre la forme de mon corps. Or, dans ma religion, en tant que femme, je ne dois pas montrer la forme de mon corps. Je le porte lors des matchs, mais je me sens presque mal de le mettre, comme si j’allais contre ce en quoi je crois. Ça ne m’empêche pas de jouer, mais je ne suis pas tranquille avec moi-même. Ce problème traverse mon esprit en permanence.

Si un jour, je dois choisir entre le volley et ma religion, ce sera ma religion. Elle est très importante pour moi et chaque jour, je m’en rends compte encore plus. Elle m’a sauvée à plusieurs moments et je m’en souviendrai toute ma vie. Si j’arrive à être joueuse professionnelle de volley tout en pratiquant ma religion, ça pourrait donner de l’espoir à celles qui sont dans ma situation. Ça pourrait changer le monde du sport en bien et ouvrir tellement de portes et d’opportunités aux filles et femmes musulmanes qui rencontrent des difficultés à pratiquer leur passion.

Rania, 16 ans, lycéenne, Firminy

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