Brigitte P. 18/04/2025

La charge mentale avant de partir en voyage

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À 59 ans, Brigitte a fait son premier voyage en Inde pour aller voir sa fille. Elle a dû tout anticiper pour que la maison tourne sans elle pendant ses dix jours d’absence.

Fin décembre 2005, je décide de rejoindre ma fille Laëtitia pour une dizaine de jours au Rajasthan. Elle y a rencontré l’homme de sa vie il y a huit mois. Pour moi, c’est l’occasion de connaître l’Inde. 

Mon mari ne souhaite pas partir. Il n’aime pas l’idée de faire un circuit et d’aller si loin pour rencontrer le nouvel ami de notre fille. Il est plutôt casanier. Il adore s’occuper de son jardin et bricoler.

Je suis très surprise qu’il ne manifeste pas plus d’opposition à mon départ. Je ne suis jamais partie sans lui. Je n’ai pas l’habitude de me faire un tel cadeau. Il ne me dit rien ou presque. Juste : « Fais attention à tes bagages et à tes papiers ! » Je suis de nature étourdie. 

Plats d’avance

Je dois organiser la maison avant mon départ. Nous sommes famille d’accueil. Il y a beaucoup de choses à prévoir pour les jeunes présents les week-ends chez nous. L’un a 20 ans. L’autre, une jeune fille de 15 ans, doit terminer son trimestre scolaire.

Comme mon mari ne cuisine jamais, je remplis le frigo et prépare des plats d’avance que je mets au congélateur. Je demande à mes deux filles aînées de venir de temps en temps le soutenir dans cet « abandon ». Je ne me fais guère d’illusions sur leur disponibilité. Nos grandes sont déjà mères de famille. Je culpabilise, mais vraiment très peu. Je suis tellement heureuse de vivre cette aventure !

En ce qui concerne nos animaux, il y a juste quelques consignes à donner à mon mari pour la nourriture. Je décide de lui faire confiance. Je dois lâcher les rênes. Si je lui disais « fais pas ci, fais pas ça », il n’apprécierait pas du tout du tout ! 

Tout est prêt. Le départ est imminent. Je suis inquiète, mais je ne dois pas le montrer. L’amie avec qui je pars est tout excitée. Un peu fofolle. Le transport en avion, en direct pour Delhi, est confortable. C’est long mais nous avons des repas indiens et des films que je n’avais jamais eu l’occasion de voir. Je porte des bas de contention. Avant d’atterrir, je vais aux toilettes les retirer. 

Tenues aux couleurs vives 

Lors de notre arrivée à l’aéroport Indira-Gandhi à Dehli, je me dis que c’est beau, ces longs couloirs avec de la moquette couleur d’automne. Il y a aussi un immense mur couvert de mains représentant des « mudras » – des gestes mystiques aussi appelés « yoga des doigts » – dont je ne connais pas la signification. Il y a la belle tête souriante de Bouddha et le magnifique Paon, emblème de l’Inde. De l’or, de l’or et encore de l’or. Faux mais éblouissant ! 

À la sortie de l’aéroport, il fait nuit. Il y a beaucoup de monde. On voit des gens de toutes les nationalités et de jolies tenues aux couleurs vives. Je me demande si je vais retrouver ma fille facilement. Je commence à paniquer. Je ne parle pas anglais. Heureusement, mon amie se débrouille. 

Elle est là, ma Laëtitia ! Calme. À l’aise. On voit qu’elle connaît bien les lieux. Elle porte un salwar kameez, la tenue traditionnelle composée d’une tunique et d’un pantalon. Elle l’a fait confectionner sur mesure par une couturière. Je lui dis : « Que tu es belle, ma fille ! »  

Un taxi nous attend. Nous partons en  direction d’un hôtel, où son amoureux, indien, travaille avec ses parents. Ma fille m’a prévenue que ses parents ont décidé de le marier avec une Indienne et qu’ils se voient en cachette. Le jeune homme craint son père. Je le rencontre en toute discrétion.

Brigitte, 78 ans, retraitée, Avon

 

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