La guerre là-bas, l’angoisse ici
Je suis franco-libanaise. Mes deux parents sont arrivés en France après avoir quitté le Liban en guerre. Je sais que mes parents se sont mariés ici en 2004, un an avant ma naissance, mais je ne connais pas la date exacte de leur arrivée. Je ne connais pas beaucoup de détails de cette époque en fait, ils n’aiment pas en parler.
J’ai de la famille qui vit à Beyrouth, la capitale du Liban. Mes cousins et cousines, mes tantes et mes oncles, des deux côtés de ma famille. Il y a beaucoup de problèmes dans le pays. L’essence, l’électricité, le gaz, la nourriture… tout est très cher. En plus de ça, il y a la guerre. Depuis que je suis petite, ça a toujours été comme ça.
Chaque année, je vais au Liban avec mes parents et mon frère pendant les vacances, pour rendre visite à la famille. Beyrouth est une ville immense avec plein de bâtiments. Dans les rues, ça sent fort et pas bon, comme une odeur d’essence. Il y a toujours du bruit et beaucoup de gens. Il y a aussi des militaires qui assurent la sécurité des habitants. Une fois, j’ai vu un bâtiment détruit par la guerre, ça m’a choquée.
« Ils me disent quand Beyrouth est bombardée »
Malgré tout ça, j’aime bien cette ville parce que c’est là où je vois ma famille chaque année. J’essaie de rester proche d’eux. Je leur passe des appels pour prendre de leurs nouvelles. Je regarde les informations tous les jours pour voir ce qu’il se passe dans le pays. Mes parents aussi appellent souvent ma famille pour prendre des nouvelles. Je n’entends pas ce qu’ils leur disent parce que, dans ces moments-là, ils vont dans leur chambre. Ils veulent être tranquilles et au calme, mais après ils me racontent.
Mes parents sont plus inquiets que d’habitude pour notre famille ces derniers temps. On en parle beaucoup à la maison. Ils me disent quand Beyrouth est bombardée. Je leur pose aussi des questions pour mieux comprendre la situation de la famille. De temps en temps, je les sens différents. Ils sont tristes eux aussi de la situation, moins calmes qu’avant. Alors que d’habitude, quand ils appellent la famille, ils sont contents.
J’appelle plus souvent mes cousins et mes cousines pour discuter et rigoler avec eux. Ils sont plus grands que moi, quatre d’entre eux ont déjà des enfants. Même si on discute de tout et n’importe quoi, ils ont souvent l’air tristes et inquiets. Alors, je les soutiens. Quand je raccroche, je deviens triste à mon tour.
Anna, 19 ans, en formation, Essonne
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