Rayane J. 26/07/2022

Ces mots qui m’ont conduit au commissariat

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Après avoir fait une bêtise à l’école, Rayane a balancé une phrase à un ami, et la situation a pris des proportions inattendues.

Les policiers m’ont emmené au commissariat vers 16 h 30, ils m’ont raccompagné chez moi à 20 h 30. Pendant toute l’audition, ils m’ont énormément questionné et je me sentais stressé. Pourtant, je n’avais rien fait de mal. J’ai pleuré devant l’officier de police judiciaire car je me sentais coupable. C’était la première fois qu’une petite phrase que j’avais dit prenait autant d’ampleur en si peu de temps.

Ils n’étaient pas convaincus

Ils m’ont demandé si ma mère me frappait. J’ai répondu que ma mère n’avait jamais été violente avec moi.

Ils m’ont demandé si elle m’insultait. J’ai répondu qu’elle était toujours bienveillante avec nous et qu’elle nous avait très bien éduqués.

Ils m’ont demandé si, parfois, elle était agressive avec moi quand je faisais des bêtises en cours. Je leur ai répondu qu’elle était parfois agressive avec moi, qu’elle ne me frappait pas, mais me punissait en me supprimant mon téléphone pendant quelques jours.

Les policiers étaient gentils avec moi. Ils m’ont donné un petit jus d’orange pour sûrement me mettre à l’aise. Mais quand ils me posaient des questions, je pense qu’ils n’étaient pas convaincus par mes arguments : ils faisaient parfois de drôles de tête quand je répondais. Ensuite, ils ont pris mes empreintes digitales et ont pris des photos de moi de profil et de face.

L’engrenage

J’étais en classe de quatrième. Je revenais du cours de sport, j’étais dans les vestiaires du gymnase et j’ai fait une bêtise en dégradant un faux plafond après avoir lancé une paire de chaussures dessus. Suite à ça, j’ai eu un mot dans mon carnet de correspondance. Après ce mot-là, j’ai commencé à stresser. J’avais peur que ma mère m’engueule dès que je serais rentré à la maison. J’étais tellement stressé que j’ai exactement dit à mon meilleur ami : « Ma mère va me défoncer ».

Mon meilleur ami de l’époque a été pris de panique. En rentrant chez lui, il a prévenu sa mère. Elle a appelé la CPE du collège en disant que ma mère me battait souvent. J’ai su ça deux jours après, car la CPE m’a convoqué et m’a posé des questions : si j’étais bien nourri, si ma mère me traitait bien, etc. Je lui répondais carrément l’inverse.

Suite à ça, la CPE est allée voir le commissariat de Melun. Elle ne m’a pas prévenu. Elle n’a même pas essayé d’appeler ma mère, qu’elle convoquait souvent dû à des conneries que je faisais.

Le jour où j’ai vu le policier venir me chercher en permanence, c’est là que j’ai compris que la CPE ne m’avait pas cru du tout. J’ai été emmené au commissariat par deux policiers en civil. Ça m’a énervé… j’ai trouvé ça bizarre. Ce que je disais, moi, c’était la vérité.

Ma mère était traumatisée

Je regrette parce que, pour une si petite gaffe de ma part, j’ai fait du mal à ma famille. Ça s’est passé pendant le décès de ma grand-mère… Ma mère était en Algérie pour cette raison, donc elle a dû prendre un vol d’urgence pour se faire auditionner en France.

Elle ne m’a pas énormément parlé de ce qu’il s’était passé au commissariat. Elle m’a juste dit qu’elle était traumatisée que les policiers prennent ses empreintes digitales et qu’ils la prennent en photo. Elle m’a dit qu’elle se sentait un peu comme une criminelle.

Il n’y a que moi et ma mère qui avons été auditionnés. L’enquête a mis environ un an à se clore. Finalement, l’officier de police judiciaire a fait un rappel à la loi à ma mère et il lui a dit que si elle était reconvoquée pour les mêmes faits, elle risquait de la prison.

Je me sentais coupable

La CPE m’a dit que mon ancien meilleur ami avait été comme effrayé par la situation. C’est sûrement dû au fait qu’il ne parlait à quasiment personne de notre classe. Il était très timide. C’est moi par exemple qui avais fait le premier pas. Moi, au contraire, j’étais très sociable. Même ceux qui étaient souvent seuls dans la cour de récréation, j’aimais bien aller vers eux pour leur parler. Pour moi, j’suis un peu fautif parce que j’ai dit ça à la mauvaise personne.

Quand je suis revenu à l’école le lendemain, j’ai raconté toute l’histoire à un ami, et il a compris. Lui, il m’a dit que « c’est chaud » et que « c’est parti loin ». Mais sinon, j’ai gardé ça pour moi. Et encore maintenant, je l’ai raconté à peu de personnes. Parce que j’avais un peu honte de moi. Je regrettais… d’avoir dit : « J’vais me faire défoncer. » C’est heureusement la première et la dernière fois que j’ai eu affaire à la police.

Cette histoire a changé mon comportement à l’école au point que je ne me mélange plus trop, je me méfie énormément des gens. Quand je parle à des camarades, je fais très attention à ce que je vais dire et à qui je le dis. Je me confie à très peu de personnes en dehors de ma famille.

Ma mère m’en a énormément voulu au début, car elle ne connaissait pas vraiment l’histoire. Mais il y a pas longtemps, on en a reparlé et elle a compris que ce n’était pas du tout de ma faute. À partir de ce moment-là, elle m’a pardonné.

Rayane, 17 ans, en alternance, Boissise-le-Roi

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