Angela M. 11/01/2021

Mon papi est raciste

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Le grand-père d’Angela est raciste, et elle, est allée aux manifs pour Georges Floyd. Le jour où elle a fréquenté un métis, ce n’est pas passé… Pour elle, c’est dur d’être si éloignée des opinions de ses proches.

Je suis très proche de mes grands-parents. Ils ont tout fait pour nous, je mange avec eux trois fois par semaine. Avec eux, je peux parler de tout… ou presque. Mon grand-père est raciste. Quand j’étais petite, je ne faisais pas gaffe quand il disait des choses comme : « Toutes les agressions sont faites par des noirs et des arabes. » Ou encore : « C’est fou comme le monde a changé, il y a dix ans, on n’était pas un pays arc-en-ciel. » J’en ai honte un peu… Alors j’évite le sujet.

Mais à 18 ans, j’ai fréquenté un garçon métis. Le jour de mon anniversaire, au moment du dessert, mon père sort devant toute la famille : « Tu nous le présentes quand ton garçon ? » Ça a fait un blanc. Mon papi a tout de suite voulu voir une photo, et j’ai fusillé mon père du regard. J’étais sûre et certaine que ça ne passerait pas, mais je me suis dit qu’il allait peut-être comprendre, laisser passer mon bonheur avant tout…

Il a beaucoup insisté, donc je lui ai montré une photo. Quand il a vu qu’il avait des curlies sur la tête, il a tout de suite fermé son visage et on voyait bien qu’il était totalement réticent. Il m’a prise à part et m’a fait la morale : « Ils n’ont pas été élevés comme nous, dans leur religion, les femmes sont considérées comme des objets, elles sont violentées. » On a parlé pendant au moins une heure. Ça a un peu plombé la fin de ma journée.

Je ne ferais pas mes choix en fonction de mon grand-père

Pendant la période où je fréquentais ce garçon, mon grand-père ne me parlait plus comme avant, voire quasiment plus. Il me mettait la pression pour que j’arrête de le voir. Dès qu’il appelait chez nous, il disait à ma mère : « J’espère qu’Angela va arrêter de lui parler, elle mérite mieux. » J’ai commencé à me poser des questions, et me suis dit qu’il fallait faire un choix. J’ai choisi de couper les ponts avec ce garçon en lui disant une phrase vraiment banale du genre : « C’est pas toi, c’est moi. » Et puis je l’ai supprimé de Snap.

Aujourd’hui, j’évite le sujet à tout prix avec mon grand-père. Et je lui ai dit que si je tombais amoureuse d’un garçon qui ne lui plaisait pas, je ne ferai pas toujours en fonction de lui. J’ai été aux manifestations pour Georges Floyd. Ça me tient à cœur de m’engager. Mais je n’en ai pas parlé à mon grand-père, ça ne sert à rien d’envenimer les choses.

 

Angela, 18 ans, étudiante, Brest

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