Ilyan F. 07/06/2025

« Mon père a grandi en cité, moi à Paris »

tags :

Ilyan a grandi entre différents univers et classes sociales. Au cœur de Paris, avec des racines qui s'étendent jusqu'à l'Algérie en passant par les quartiers populaires de la banlieue parisienne. Pour lui, c'est une richesse et une force.

Je suis dans un lycée parisien assez réputé. Mon père me dit souvent : « De tous les parents de tes potes confondus, je dois sûrement être celui qui gagne le moins. » Lui, il a grandi dans un quartier défavorisé de la périphérie parisienne. Moi, c’est à Paris que j’ai été élevé avec ma sœur. Mon père était dans un collège difficile et a arrêté ses études après la seconde. Pour ma part, on m’a toujours poussé à bien travailler à l’école. 

Mes grands-parents ont immigré de Kabylie, une région de l’Ouest de l’Algérie, en France au début des années 60. Ils ont eu six enfants et ont habité dans les grandes cités HLM construites dans la périphérie parisienne. 

Moi, j’ai vécu dans un quartier avec une grande mixité sociale. Au collège, mes amis étaient issus en grande majorité de milieux sociaux très aisés et blancs. Mais il y avait également beaucoup d’élèves qui habitaient des HLM, issus pour la plupart d’une immigration récente. 

C’était très visible et les deux groupes se mélangeaient peu. Je ne savais pas très bien où me placer. Les parents de mes potes avaient tous fait de grandes écoles. Alors je ne me sentais pas totalement comme eux. 

« Il me dépose Le Monde sur mon bureau » 

Mon père, lui, est standardiste. Il regrette de ne pas avoir eu l’opportunité de faire des études mais il est quand même très cultivé. Il est toujours au courant de l’actualité. 

Quand j’étais petit, mes parents m’emmenaient à des expositions, des concerts ou encore au cinéma. Aujourd’hui encore, mon père me dépose furtivement des articles du journal Le Monde sur mon bureau. J’ai aussi eu la chance de pouvoir partir en vacances et découvrir de nouveaux pays dès l’enfance. On a visité des pays d’Asie et la côte ouest des États-Unis en gérant bien notre budget. 

Paradoxalement, il a tout autant contribué à m’informer et à éveiller ma curiosité que ma mère, qui exerce un métier qu’elle a choisi et qu’elle aime. Elle est réalisatrice de documentaires. 

Le fait que mon père m’ait toujours beaucoup parlé de son enfance et de son évolution m’a toujours aidé à prendre du recul sur ma situation. Mais aussi sur le milieu social que je côtoie et auquel je n’appartiens pas vraiment. Ce cadre confortable m’a permis d’avoir des perspectives d’études supérieures. 

Ilyan, 17 ans, lycéen, Paris

 

À lire aussi…

« À Barbès, y’a pas d’oiseaux, y’a que des crapules ! », par Kamel, 19 ans. Barbès c’est son quartier. Un quartier qu’il veut quitter. Celui où il a subi la violence de son père, dealé et commis un délit qui lui a valu d’être emprisonné pendant un an.

Partager

Commenter