Je suis moyenne car on me l’a répété
C’était une soirée d’hiver, je parlais avec ma mère de mes études. Elle m’a expliqué que ma directrice de primaire avait toujours dit que j’étais une élève moyenne. Il ne s’agissait pas d’un dénigrement, simplement d’un constat. Depuis, je me suis appropriée ce terme pour parler de ma scolarité.
Je suis moyenne, ni forte ni nulle, ni courageuse, ni peureuse. Une fille sans histoire, qui suit sa route sans jamais connaître la direction. Une adolescente qui représente le modèle type : je dors, je mange et j’essaye de réussir, que ce soit à l’école ou dans ma vie sociale. J’ai eu une enfance heureuse, sans problème particulier. Bref, je suis moyenne avec une histoire basique et ses aléas, comme pour tous.
Ma prof principale me rabaissait souvent
Je vise des projets qui, pour beaucoup, sont bien trop hauts pour moi et je ne réussirai pas à les atteindre, même avec toute la bonne volonté du monde. Quand on vous met dans une catégorie, il est très compliqué d’en sortir.
En troisième, lorsque vous vous inscrivez au lycée, la question de la filière devient inévitable : passer en professionnel, en générale ou en technologique ? J’ai repoussé le plus possible ce moment, car j’avais peur. Et ma prof principale était très élitiste, elle me rabaissait souvent, en privé ou devant la classe.
Elle voulait m’envoyer dans une filière professionnelle, mais j’étais informée, et je savais qu’aller là-bas allait me fermer plein de portes. Pour quelqu’un qui n’était pas sûr de ce qu’elle voulait faire, ce n’était pas vraiment la bonne option. Je ne l’ai pas écouté : quel était l’intérêt de suivre les « conseils » d’une personne pas vraiment bienveillante à mon égard ?
Suis-je assez bien pour trouver ma voie ?
De toute façon, je suis le genre de personne à demander l’avis des gens, mais à ne pas en tenir compte. J’ai la chance d’avoir des parents qui me laissent le droit de choisir mon avenir et mon métier. Je sais que beaucoup n’ont pas la même chance.
On me l’a répété de nombreuses fois : je ne réussirais jamais avec le gros poil que j’ai dans la main. Mais quand on vous le rabâche sans cesse, je ne trouve plus d’autre choix que d’y croire. Je sais qu´ils ont raison, mais je sais aussi que cette méthode n’est pas efficace sur moi. Et même si je ne veux pas y croire, des questions commencent à me torturer l’esprit : Suis-je assez bien ? Est-ce que je peux croire en ma chance?
Surtout que cette pression s’installe tôt. On vous demande à 12 ans, de choisir la voie que vous voulez prendre pour les 50 prochaines années de votre vie. Alors que vous avez encore vos rêves d’enfants, comme devenir une superstar et vivre dans une grande maison avec pleins d’animaux.
Sa passion m’a contaminé
En cinquième, on nous a fait venir un samedi matin à l’école. Des parents d’élèves ont présenté leur travail. Une gynécologue était là, je me souviens qu’elle m’avait beaucoup marqué. Non seulement par son charisme, mais surtout parce qu’elle avait l’air heureuse et, étonnamment cela me réconfortait.
J’y ai beaucoup réfléchi et je pense qu’elle m’a donné une idée de ce que je voulais faire de ma vie : transmettre une réelle passion. Depuis, je lis des livres, regarde des vidéos, découvre de nouvelles choses. Je ne suis pas forcément sûre de vouloir prendre exactement le même chemin que cette femme. Mais je sais que sa passion m’a contaminé, et que je veux travailler dans le corps médical.
Sam, 15 ans, lycéenne, Paris