Lucille L. 13/01/2023

Multi-dys et épanouie à l’école

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Accéder à un ordinateur a soulagé Lucille, dyslexique et dysorthographique. Au prix de beaucoup d'efforts, elle a réussi ses études.

Avez-vous déjà vu quelqu’un écrire à l’ordinateur sans regarder son écran ? Eh bien c’est mon cas. Je suis dyslexique et dysorthographique, le travail m’a toujours pris un temps monstrueux. Prendre des notes manuscrites, ça restera toujours compliqué pour moi. Alors, l’accès à l’ordinateur m’a sauvée ! J’ai dû me battre, mais avec du courage et une petite touche de soutien familial, j’ai réussi.

Comme dit dans Le livre de la jungle, « il faut se satisfaire du nécessaire ». Pour moi, le nécessaire, c’est l’ordinateur. Grâce à ma très chère maman, qui a fait toutes les démarches administratives avec la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), j’ai pu obtenir un ordinateur, puis, l’aide d’une personne AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap) pour m’accompagner en classe à temps partiel. Aussi, une ergothérapeute m’a formée et j’ai appris à recopier sans regarder mon écran. J’ai passé au moins 40 % de mon temps depuis la primaire en rendez-vous pour mes difficultés. Maintenant, ma frappe est beaucoup plus rapide que mon écriture manuscrite.

Casque, dictaphone et scanner

J’ai commencé à utiliser l’ordinateur dans quelques cours comme le français et l’histoire-géo. En branchant un casque, il pouvait me lire automatiquement un document. Dans le même style, j’ai eu accès à une application sur laquelle je pouvais dicter un texte, l’ordinateur l’écrivait à ma place. J’avais aussi un petit scanner. Quand je n’avais pas le temps de tout écrire, je scannais. Je transférais les données sur mon ordinateur et je pouvais modifier le document. Quand j’expliquais tout ça à mes camarades, ils étaient choqués ! Ça me faisait rire.

Ainsi, je suis devenue plus indépendante et je pouvais suivre le rythme. Bon, les petits inconvénients, c’était un sac hyper lourd et un sacré budget d’encre pour imprimer mes cours.

Je me sens plus épanouie grâce à ces différents aménagements. Cette année, j’ai obtenu un bac pro en commerce, mention bien, comme mon brevet d’ailleurs : mes plus grandes fiertés après tant d’efforts ! J’ai toujours visé l’excellence, je voulais prouver que j’en étais capable, même en étant dyslexique ! Au fur et à mesure, j’ai appris à accepter et à parler de ma différence, sans aucune gêne car, pour moi, ce n’est pas un sujet tabou.

Lucille, 18 ans, en recherche d’emploi, Brest

 

 

La famille des dys

La chaîne YouTube « Info ou Mytho » t’explique ce que sont les troubles dys, avec un focus sur la dyslexie.

 

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1 réaction

  1. Je pense qu’il y a bien plus de dys qu’on ne le pense et ce depuis longtemps. La différence entre les années 2020 et les années 1990 est que nous sommes maintenant pleinement dans le tertiaire : écrire, lire, compter, parler plusieurs langues,… sans trop de difficultés sont devenus essentiels alors que c’était moins vrai avant dans une société bien plus industrielle et agricole.
    Aujourd’hui, ces dys sont connus et accompagnés certes et c’est une bonne chose. Il n’en reste pas moins que la charge mentale, physique, financière et psychologique des jeunes dys et de leurs parents doit être conséquente. Quand je vois la charge que nous vivons tous globalement, je trouve que les dys sont des gens extrêmement courageux dans un monde qui va de plus en plus vite.
    Reste une chose importante : ne pas être dys ne veut pas dire être plus intelligent et ça, c’est une prise de conscience de notre société malgré tout. Il y a encore 2 ou 3 décennies, un enfant qui éprouvait des difficultés de ce type était tout simplement mis au ban des cursus classiques et arrivait très rarement à poursuivre des études supérieures. L’école n’était pas une chance équitable voire même une punition pour certains. C’est un peu moins le cas aujourd’hui et c’est très bien.
    Bravo aux dys et à leur famille qui ne baissent pas les bras 🙂 !

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