Louise Z. 11/01/2021

Orientation : deux heures de trajet pour un bon établissement

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Chaque jour, Louise fait 2 heures de transports pour aller en cours. Un trajet parfois long et épuisant mais qui vaut le coup.

Depuis mon plus jeune âge, je prends le métro. Mes parents m’ont appris à le prendre et le chemin qu’il faut prendre entre l’école et la maison. À utiliser un téléphone en cas d’urgence, à crier « au secours » si je rencontre des gens malhonnêtes, comme des adultes qui me proposent des friandises ou qui me demandent de les suivre. Cela a l’air ridicule mais je sais bien que ces personnes existent, et heureusement que je ne suis jamais tombée sur elles. 

Je suis née et j’ai grandi à Paris, donc j’ai commencé la primaire dans le 4e arrondissement, puis mes parents ont décidé de déménager en banlieue, à Aubervilliers, pour un plus grand espace et un loyer moins cher. Moi, je n’étais pas d’accord avec cette décision, car je me suis dit : « Je vais perdre tous mes amis en primaire. » Donc j’ai dit à mes parents que je voulais rester à Paris pour étudier. Ils ont été d’accord avec ma décision.

En CE1, j’étais plutôt excitée, je rentrais avec ma sœur qui a 2 ans de plus que moi, nous étions dans le même primaire. Mais à partir du moment où ma sœur est entrée au collège, j’ai officiellement pris le métro toute seule, même si j’avais un peu grandi j’ai eu un peu peur les premières fois. Maintenant que j’y repense je ne sais pas comment mes parents se sont dit qu’une enfant de 9 ans serait capable de rentrer toute seule sans danger. Et bizarrement je n’ai pas eu de problème.

Le collège : un moyen de retrouver mes amis

Puis en CM2, nous devions choisir un collège de secteur, j’avais trois raisons pour rester à Paris : de un, je voulais rester avec mes amis d’enfance. De deux, ma sœur m’a dit qu’en troisième nous devons choisir un lycée du secteur du collège alors si je voulais un bon lycée à Paris il fallait que j’aille dans un collège à Paris. Et de trois, j’ai des amis qui se trouvaient dans le collège que peut-être j’allais intégrer. 

Ils m’ont dit que certains collégiens avaient des comportements mauvais pour mon éducation, l’une de mes amies s’était fait voler son téléphone, une autre de l’argent ou encore des discriminations, des bagarres régulières dans la cour pour régler des conflits entre les élèves qui pouvaient très mal tourner. C’est pour ces raisons que je ne voulais absolument pas quitter Paris. 

Mais moi je me trouvais dans le 93, alors pour rentrer dans un établissement à Paris il fallait trouver une adresse à Paris avec un casier, et heureusement ma voisine m’a prêté un casier qu’elle possédait. Et à la fin de la troisième j’ai réussi à faire la même chose pour rentrer au lycée Charlemagne.

Dès qu’il fait sombre, il y a des personnes un peu suspectes

En ce moment, je suis en seconde générale et généralement je commence les cours à 8 heures le matin. Alors je vais me réveiller à 6 h 30 puis sortir à 7 heures, je vais arriver environ 15 minutes en avance car on ne sait jamais ce qui peut se passer dans le métro, je fais mon sac la veille pour gagner du temps. C’est là que je me dis que j’ai bien choisi mon lycée car il est sur la même ligne de métro, du début jusqu’à la fin de mon trajet. 

Arrivée au lycée je vais en cours comme d’habitude puis arrive l’heure où il faut manger, et je rappelle qu’en ce moment nous sommes encore en temps de Covid-19, alors je ne vais jamais à la cantine. Deux situations se proposent à moi, soit j’ai 1 heure pour manger alors je vais acheter quelque chose ou alors je me suis réveillée encore plus tôt pour me faire à manger, soit j’ai 2 heures pour manger alors je vais au lieu de travail de mes parents pour manger, car je n’ai pas le temps de rentrer chez moi, manger, et repartir. 

À la fin de la journée, à environ 17 heures ou 16 heures je reprends le métro pour rentrer, mais en hiver il fait noir plus vite qu’en été, alors faut marcher plus vite, car dans la banlieue dès qu’il fait sombre il y a des personnes un peu suspectes dans les rues. De temps en temps des drogués, des fumeurs, des voleurs ou des motards en bandes. Je rentre vers 17 heures. A 18 heures je mange, puis je travaille, et je dors environ vers 22 heures – 23 heures, et ça recommence. 

Un mode vie qui m’a rendu plus autonome

Avec un emploi du temps pareil je n’ai pas de temps dans la semaine pour voir mes amis ou sortir mais cela ne me dérange pas car je suis une personne qui aime rester chez elle. De plus, pour moi, le temps de travail et le temps libre sont bien séparés : en semaine on travaille, le week-end c’est du temps libre pour se reposer.

Durant ces 2 heures d’aller-retour, je peux faire beaucoup de choses. Je peux dormir pour reprendre mes heures de sommeil perdu, faire mes devoirs ou réviser. Apprendre ou lire dans le métro est très efficace, car je suis plus concentrée que chez moi, après c’est très personnel car je sais que tout le monde n’est pas comme moi. 

Beaucoup de personnes me demandent : « Est-ce difficile de se lever si tôt tous les jours ? » Ou encore : « Est-ce dur d’avoir un mode de vie très remplie ? » Ça fait depuis le CE1 que je me lève tôt le matin. Maintenant je suis habituée et je trouve que ce mode de vie m’a permis de devenir plus autonome et plus mature. Je me trouve en bonne santé et j’ai un environnement scolaire qui me plaît donc même si je fais tous les jours deux heures de transport en commun je trouve que ça les vaut.

 

Louise, 16 ans, lycéenne, Bobigny

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