Agnès H. 28/06/2023

Sauveteuse en mer et future pompière pro

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Trop jeune pour être pompière professionnelle, trop âgée pour être jeune sapeuse-pompière, Agnès s'est formée au sauvetage en mer.

J’aimerais devenir pompier. C’est un métier qui me passionne depuis petite. L’adrénaline, secourir les personnes en détresse. Se lever le matin et ne pas savoir sur quoi je vais travailler dans la journée. Être dans l’inconnu à chaque réveil, c’est ça que je veux plus tard !

On peut être jeune sapeur-pompier, pompier volontaire, ou pompier professionnel. Les trois m’auraient plu mais il y a toujours des conditions, des contraintes. Pour ma part, c’était l’âge. Il fallait s’inscrire avant 14 ans pour les jeunes sapeurs-pompiers. Moi, à 14 ans, je n’avais pas encore l’envie de m’y consacrer à 100 %. Pour les pompiers volontaires, il faut avoir plus de 18 ans. J’ai eu beau connaître des pompiers et visiter des casernes, il me fallait la majorité pour y rentrer. J’ai donc dû me rabattre sur une activité similaire, pour découvrir le secourisme en attendant mes 18 ans.

Je me suis inscrite, à 16 ans, à la SNSM – la Société nationale de sauvetage en mer. C’est une association pour devenir sauveteur-secouriste pendant les périodes estivales. Cela m’a permis de rassembler les deux choses que j’aime : la natation et le secourisme.

Pompier, un métier avec du mouvement

Le sport est la clé de ces métiers. Si tu n’es pas prêt physiquement, tu ne peux pas avoir la vie des gens entre tes mains. Depuis quelques années, je me consacre tous les jours à la natation, ce qui demande beaucoup de temps, de motivation et d’ambition. Elle m’apprend la rigueur, l’esprit de compétition et le besoin de mouvement, sans cesse. J’ai commencé la natation à 7 ans et j’ai continué les compétitions jusqu’à mes 18 ans. Je m’entraînais tous les jours, et ça ne veut pas dire 30 minutes par jour et basta. Non, non ! C’était une heure et demie par jour, entre 4 et 5 kilomètres.

Mon seul jour de repos était le dimanche. Mais pas toujours, parce qu’il y avait une compétition un week-end par mois. Pendant les vacances, je pratiquais 4h30 de natation par jour, en ajoutant du renforcement musculaire en plus. Puis avec les études, j’ai diminué. Voilà pourquoi je veux un métier avec du mouvement. J’ai toujours vécu comme ça. J’en ai besoin.

Sauveteuse, au moins 3 mois par an

Après mon inscription à la SNSM, j’ai fait 2 ans de formation pour obtenir tous les diplômes nécessaires pour travailler en plage l’été et pour aller sauver des vies : le PSE 1 et 2 (premier secours en équipe – niveau 1 et 2), le CRR (certificat restreint de radiotéléphonie), le permis bateau, le SSA (sécurité et sauvetage aquatique) et le BNSSA (brevet national en sécurité et sauvetage aquatique).

Ces formations, il faut leur consacrer du temps et de l’argent bien sûr. Même si elles sont organisées par la SNSM, il ne faut pas croire que c’est gratuit. Ce serait trop beau pour être vrai. Mais le côté positif, c’est que la SNSM s’engage à te fournir un travail en plage et un logement l’été. Grâce à ça, tu peux travailler trois mois minimum. C’est le job étudiant dont tout le monde rêve : être sur une plage avec un groupe de gens de ton âge. Qui dit mieux ?

S’adapter, écouter, réagir

L’été dernier, j’ai été affectée en Normandie, sur une plage super belle avec une école de voile à côté. Mon expérience a été plutôt marquante, pour mon premier été en tant que nageuse-sauveteuse.

Un jour, comme chaque matin, nous avions préparé le poste de secours pour l’ouverture de la surveillance. Quelques heures après, un petit garçon qui devait avoir 5 ans, paniqué, est venu nous informer que son grand frère s’était ouvert le genou. J’avoue que nous pensions que c’était juste une petite égratignure. Mais une dame est passée et nous a dit : « Il y a beaucoup de sang. » Donc là, on s’est dirigés en courant vers le petit avec le genou ouvert, moi avec le sac de secours et ma collègue avec le brancard. On s’est retrouvés en face de la mère du petit garçon qui, lui, devait avoir 9 ans.

Elle cachait la misère pour ne pas que la blessure soit à la vue de tout le monde. On lui a demandé de retirer sa main. C’était une plaie ouverte, on pouvait y rentrer la moitié de nos doigts et ça pissait le sang. Ça m’a prouvé que j’aime le monde du secourisme.

Je souhaite vivre ça toute ma vie

Nous nous sommes occupées de ce jeune garçon et de sa maman. La victime était ce petit garçon, mais la famille est parfois plus dure à gérer que la victime. Dans cette situation, nous avions une maman très paniquée pour son fils. Après l’intervention, j’étais contente. Le petit garçon était rassuré. Il est parti aux urgences en toute tranquillité, malgré une plaie énorme. Notre but en tant que sauveteurs, c’est que les gens partent rassurés et dans un bon état d’esprit. Ça donne beaucoup d’adrénaline, moi je vous le dis. Je souhaite vivre ça toute ma vie.

Cette formation m’a confortée dans mon choix de devenir pompier professionnelle. Vous me direz pourquoi ne pas rester nageuse-sauveteuse ? C’est un métier qui n’est pas très diversifié. C’est bizarre à dire mais les pompiers professionnels voient beaucoup plus de choses que les nageurs-sauveteurs, qui sont surtout sur les plages, alors qu’un pompier peut être n’importe où. Maintenant, j’attends la fin de mes études pour m’y consacrer à 100%.

Agnès, 18 ans, étudiante, Nantes

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