Nos premières fois en France
@Adama : À mon arrivée, je me suis fait un gros plaisir : je suis parti visiter la tour Eiffel en bateau. Ma mère était contente de me faire visiter tout ça. Ces bâtiments étaient très hauts, c’était des gratte-ciel. Ils étaient plus grands qu’en Côte d’Ivoire. Que des gratte-ciel ! J’ai fait le tour de Paris et c’était formidable.
À Abidjan il y a aussi des tours, mais ici il y en a beaucoup et il n’y a pas de villas toutes seules, isolées. C’est trop rare à trouver ici. Alors que les villas très grandes des riches à Abidjan, il y en a beaucoup. Quand je suis allé en dessous de la tour Eiffel, j’ai regardé en haut et j’ai cru qu’elle allait tomber sur moi, pourtant c’était la première chose que j’attendais. C’est le premier mot que j’ai entendu en arrivant. Les gens n’arrêtent pas d’en parler. Ça m’a beaucoup impressionné.
@Fatoumata : Quand je suis arrivée en France, j’avais peur de ne pas trouver le chemin de l’école, même si avec mon père, on y était déjà allés pour se repérer. Quand j’ai dû y aller toute seule, j’ai réussi à me retrouver toute seule dans les rues ! J’avais peur que les élèves me fassent du mal. Aujourd’hui, j’ai moins peur.
Rentrer dans le sol
@Ismael : C’est la première fois que je passe autant de temps sans jouer au foot. Ça fait trois mois. En Côte d’Ivoire, je m’entraînais en club quatre jours par semaine. Ici, ma mère ne veut pas que je joue après l’école. Elle pense que ça va trop me distraire. Je me sens seul et je m’ennuie. C’est la première fois que le foot me manque autant, je ne pensais pas que ça allait être aussi fort. Du coup je reste sur mon téléphone…
Mais cet été, je vais pouvoir m’entraîner ! Ma mère est d’accord pour que je joue pendant les grandes vacances. Ça va être la première fois depuis trois mois que je touche un ballon de foot. J’ai hâte !
@Sada : J’ai joué pour la première fois sur l’ordinateur à des jeux de football. Je regarde des vidéos de voitures. J’aime bien écouter de la musique que j’écoutais au Sénégal. Je regarde le journal du Sénégal. Je savais m’en servir avant, mais j’ai vraiment appris en France.
@Mbayen : Quand je suis arrivée en France, ce qui m’a le plus marqué c’est le Covid. C’était en mai 2019, en plein épidémie. D’abord parce qu’il y a des gens qui meurent mais aussi à cause du confinement. Je n’ai jamais vu ça. On est restés à la maison avec ma famille. On sortait juste pour faire les courses. C’était bizarre… Comme le collège était fermé, on faisait les cours à distance. J’aimais un peu car je pouvais rester tranquille à la maison, mais pour travailler c’était pas facile.
@Mirza : Au Pakistan, il n’y a pas de métro. Alors, la première fois que j’ai pris le métro, c’était bien. C’était pour aller de l’aéroport à la maison. J’avais un peu peur de rentrer dans le sol pour devoir prendre le métro. Je l’ai trouvé plutôt joli. Ça ne sentait pas bon dans la gare. Quand je suis monté dans le métro j’ai eu peur que ça aille vite. Quand je suis sortie du métro, j’avais bien aimé. Après ça, j’avais envie de reprendre le métro. Et en plus maintenant, je n’ai plus peur de rentrer dans le sol.
La vitesse, ça fait peur
@Diana : La première fois que j’ai entendu le français, je l’ai trouvé mignon mais aussi difficile. J’étais chez ma copine et son autre copine l’a appelé au téléphone et elle a parlé en français avec elle. Je n’ ai rien compris !
Dans la rue, encore aujourd’hui, quand je me balade je ne comprends pas bien, pas tout et ça me fait sentir bizarre, un peu perdue. Mais maintenant que je suis à l’école, je suis fière de le comprendre. Alors qu’au début je ne comprenais rien. Maintenant dans la rue, je peux parler ! Et maintenant que je comprends, je le trouve quand même mignon !
@Massatié : Le TGV c’était bien ! J’ai fait deux heures de Lyon jusqu’à Paris. J’ai dormi tout le trajet mais quand je ne dormais pas, je voyais les paysages défiler avec des ponts et de l’eau, je crois que c’était la Seine. On a mangé dedans aussi, c’était bizarre parce que ça bougeait. En vrai, ça m’a fait un peu peur parce que je ne connaissais pas. Et la vitesse ça fait peur aussi : il y avait un truc sur la route du coup le train a basculé un peu et ça a fait sauter les gens, c’est là que j’ai eu peur. Dans ma ville, il n’y avait que des voitures et des taxis, des motos. Pas de train en Côte d’Ivoire. Mais ils ont dit qu’ils allaient en mettre.
@Rayen : La première fois que j’ai mangé un kebab, c’était à Paris. J’ai beaucoup aimé, surtout les frites et la mayonnaise. En Tunisie il n’y en a pas. Alors j’étais très content de découvrir. Mais, malheureusement je n’en ai jamais remangé, car je n’ai pas assez d’argent pour en acheter. La nourriture en France, elle est très différente : c’est les pizzas, les kebabs, les hamburgers. Les messieurs qui font à manger c’est des arabes mais en Tunisie il n’y a pas tout ça. Enfin, c’est différent : il y a des pizzas mais avec de la harissa !
Témoignages recueillis par Elliot et Anaïs