Devenir étudiant, une pression non-stop
J’aimerais avoir le temps… Juste du temps ! Du temps pour ma passion, le basket. Pour regarder les matchs de la meilleure ligue, la NBA, qui sont diffusés entre 1 heure et 5 heures du matin, et pour m’entrainer au moins deux fois par jours. Sauf que ma routine à moi c’est école-dodo, école-dodo.
Étudiant en première année de BTS, j’ai cours entre 8 heures et 17 heures, trente heures par semaine. À ça s’ajoutent dix heures de devoirs hebdomadaires. Je suis plutôt bon élève. Je fais mes devoirs, je révise, je suis concentré en classe, j’ai choisi un projet d’étude… je fais ce qu’on me demande. « On » ? Les profs, qui répètent toujours la même chose. Et mes parents qui projettent des attentes sur moi.
Une pression pour être en mode travail
Cette pression des adultes, je la ressens sans cesse ; c’est un poids qui ne m’aide pas à avancer. Au contraire, souvent, ça me démotive, et j’ai juste envie de faire autre chose. Je ne crois pas que les profs et nos parents se rendent compte de tout ce qu’ils demandent au quotidien. De cette sensation que j’ai de devoir tout le temps être en mode travail.
Et ça s’intensifie, je trouve, depuis le lycée. Dès le début de la classe de première, mes parents tout autant que mes profs me parlaient déjà du bac. « C’est une épreuve à ne pas rater, ça détermine ce que tu vas faire plus tard. » Après, ça a été Parcoursup. Je n’avais pas encore passé les épreuves du bac que je devais déjà savoir et choisir ce que je voulais faire après. Les profs parlaient sans cesse de « choisir la bonne école », et de me questionner : « Tu as bien rempli ton Parcoursup ? » ; « Tu es sûr d’avoir bien tout confirmé ? » Les mêmes questions, tous les jours, pendant trois mois.
Étudier par défaut
Alors je choisis des lycées, des fac, des universités où je n’ai même pas envie d’aller, mais juste par peur de ne pas être pris dans les écoles qui font partie de mes premiers choix. Deux mois plus tard, j’apprends que 90 % des écoles que j’ai demandé ne veulent pas de moi. Et que dans le reste des écoles dans lesquelles j’ai postulé, je suis 550e sur liste d’attente. Je vais devoir choisir une école que je ne voulais pas, faire le choix par défaut entre un BTS et une fac. Je viens de passer deux ans à bosser non-stop, et à écouter mes profs me rabâcher que le bac est censé être l’épreuve ultime de mes études. Pourtant déjà, Parcoursup a choisi pour moi.
J’aimerai choisir. Choisir de prendre plus de temps, au milieu de cette pression, pour vivre ma vie en dehors des études. La vie étudiante c’est quand même aussi des espaces de liberté. On commence à sortir, à avoir un peu plus de liberté grâce au permis notamment. Mes potes, ce qu’ils aiment, c’est sortir dans les bars ou en boîte. Moi c’est sortir avec deux ou trois potes sur un terrain et faire du sport ou juste parler de tout et de rien.
Le basket est mon seul moyen de souffler, de ne penser à rien. Quand je suis sur le terrain je suis concentré que sur moi même et sur le jeu, c’est un moment fort où mon corps et ma tête ne réagissent a rien d’autre qu’au ballon. J’ai l’impression d’être dans ma bulle et que personne ne peut venir me déranger. Un moment suspendu au milieu de la pression.
Swann, 19 ans, étudiant, La Chapelle-Thouarault