La puberté m’éloigne de l’enfance

J’ai 14 ans, mon corps change. Je grandis, je vieillis. Mes articulations et mon dos me font mal, c’est parce que je me tiens mal me dit-on. Je ne suis plus un enfant sans poils, avec une peau parfaite et sans boutons, comme quand j’étais encore petite et mignonne.

Mon corps produit des hormones, j’ai mal. Les boutons sur mon visage me démangent, je veux les arracher. Mon appareil reproducteur, celui que je n’utiliserai jamais, me fait mal aussi, lui aussi je veux l’arracher. Chaque mois, il gueule, il crie, il pique une crise. J’ai 14 ans, je ne suis plus un enfant.

Je joue aux jeux vidéo. Sauf que les filles et les jeux vidéo, ça fait deux d’après eux, les autres. Et pour d’autres encore, c’est enfantin. Pourtant, c’est tout sauf enfantin : c’est gore, c’est violent, terrifiant même. Je lis leurs histoires et j’en fais presque des cauchemars. Des enfants morts, c’est assez commun dans cet univers. J’aime les mystères, je veux savoir ce qui se passe derrière la tête des créateurs.

Je m’aime comme je suis

Chaque jour, je me regarde dans le miroir, plus ou moins satisfait de moi-même. Après une longue journée, mon visage fatigué me regarde en retour, ma tenue n’étant plus aussi belle qu’au début de la journée. Pourtant, je suis satisfaite de toujours être là, devant ce miroir, avec le même regard que d’habitude. D’autres fois, quand je reste à la maison, ce même regard n’est pas satisfait, parce que je n’ai rien fait de la journée.

J’aime des choses féminines et masculines. Je ne suis pourtant rien, ni l’un ni l’autre, et je m’apprécie comme ça. Je n’ai pas besoin de changer pour les autres, je n’ai pas besoin de m’épiler ou de me faire des soins du visage constamment. Je n’ai pas besoin de m’habiller plus féminine ou moins. Je n’ai pas besoin de garder mes ongles courts. Je n’ai pas besoin de me laisser pousser les cheveux pour leur faire plaisir. Je n’ai pas besoin de changer pour eux. J’ai besoin de changer pour moi-même.

Nex, 14 ans, collégien·ne, Nîmes