Kaza M. 11/01/2021

En quittant ma ville, j’ai été confronté à l’islamophobie

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À 14 ans, Kaza a vécu pour la première fois de l’islamophobie. Il ne se sent en sécurité que dans sa ville, et évite de la quitter trop souvent, pour éviter des regards ou des remarques.

L’année dernière, avec mon cousin, nous sommes allés pratiquer à la mosquée de Saint-Germain-en-Laye, donc nous étions en djellaba. Je suis allé là-bas car nous devions voir l’ami de mon cousin. C’était la première fois que j’y allais. Je m’attendais à ce que ce soit une ville comme Mantes-la-Jolie, mais il y avait des pavillons partout et je voyais des personnes blanches à chaque coin de rue. Comparé à Mantes-la-Jolie où on trouve des personnes de couleur partout !

Nous nous sommes rendus au magasin pour faire quelques courses. Nous sommes rentrés et puis là mon cousin m’a dit de regarder derrière moi. Je me suis tourné, et j’ai vu plein de personnes de couleur blanche qui nous lançaient des regards méprisants, comme s’ils voulaient dire : « Retournez dans votre pays. » « Vous auriez dû jamais être né. »

J’ai dit à mon cousin de les ignorer et de continuer notre route. Nous avons pris tout ce dont nous avions besoin et nous sommes allés payer à la caisse avec, toujours, les personnes qui nous dévisageaient. Le caissier nous a dit de ne pas faire attention aux regards des autres personnes. Pourtant cet homme était aussi un homme blanc. La preuve qu’il n’y a pas que des personnes islamophobes. En guise de compassion, il nous a même donné un paquet de bonbons chacun. Nous étions tout contents et très touchés par ce geste, nous l’avons remercié et nous sommes partis avec le sourire.

Je m’y sens en sécurité plus qu’ailleurs

C’était la première fois que je subissais de l’islamophobie et que je ne me sentais pas à ma place. Et ça a été une toute première pour moi de me retrouver avec une majorité de personnes blanches. Je vis à Mantes-la-Jolie depuis que je suis né. Je m’y sens plus en sécurité car la majorité des habitants sont des musulmans, (je les vois quand je vais prier), ou des personnes blanches, mais qui ont un respect pour notre religion. Toutes les personnes de mon quartier sont des personnes qui s’aident mutuellement, qui respectent l’Islam et nos origines. Par exemple, ils nous ont souhaité un bon ramadan et nous ont donné des petits cadeaux, alors que ça ne les concerne pas ! Je me sens comme si c’était ma famille ici.

Je quitte rarement Mantes-la-Jolie, juste pour les vacances, si jamais je vais chez un ami ou dans un parc, ou si on fait des courses au Auchan de Buchelay, pas très loin de Mantes. Mais je connais juste le centre commercial, et les gens sont concentrés dans leurs courses et pas sur les personnes qui y vont.

Depuis ce qui s’est passé ce jour-là, j’ai tendance à plus rester à Mantes-la-Jolie. Je sors moins qu’avant de Mantes, et j’appréhende plus si je dois quitter la ville. Pour le moment, je n’ai pas l’intention de retourner à St-Germain-en-Laye. Mais je pourrais aller dans d’autres villes, si je dois aller faire quelque chose là-bas. Parce que même s’il se passe la même chose, cela ne m’empêchera pas d’être fier de ce que je suis et de garder la tête haute.

 

Kaza, 14 ans, collégien, Mantes-la-Jolie

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