Racisme : être « dark skin » c’est subir du racisme
En quatrième, j’avais beaucoup de difficultés à socialiser avec les autres élèves. J’étais très timide et fermée. Malgré ça, je voulais m’entendre avec eux mais eux, avaient déjà formé des petits groupes et ils étaient déjà assez soudés. Je me suis embrouillée avec une des filles pour un stylo. Après l’embrouille, la prof nous a convoquées et on s’est fait crier dessus.
Après ça, elles ont commencé à me harceler et à m’insulter en disant des mots très blessants comme : « Oh t’es vraiment noire. » « Dans le noir on te voit même pas. » Aussi : « Ta couleur de peau est trop moche. » Ces mots-là me blessaient vraiment car les filles qui faisaient ça étaient noires aussi, mais elles avaient la peau un peu plus claire que moi.
Je pensais vraiment que c’était moi le problème car elles avaient la même couleur de peau. J’ai eu beaucoup de mal à m’accepter à cette époque. À chaque fois que je me regardais, je me sentais complexée. Limite je voulais à tout prix devenir blanche. Je me disais que si j’étais blanche, ça ne m’arriverait pas.
Ceux concernés avaient peur que la classe se retourne contre eux
Je me disais : « Le racisme c’est bon, c’est fini. » Mais au collège l’année dernière, une fille blanche de la classe m’a dit : « Oh t’es vraiment noire. » Les gens ont rigolé. Même ceux concernés rigolaient. Pour moi, ils avaient peur que la classe se retourne contre eux, peur qu’ils ne soient pas soutenus. On est une minorité à avoir la couleur de peau très foncée.
Aussi cette année, on marchait vers la salle de cours avec une amie. Une fille de notre classe a commencé à rigoler, s’est retournée et a dit à mon amie : « Ah, t’es vraiment noire ! » Je lui ai dit : « La prochaine fois que ça arrive, réponds-lui ne te laisse pas faire. Tu as une très belle couleur, reste toi-même, ne te rabaisse pas pour des gens comme ça. » C’est le genre de truc que j’aurais aimé que quelqu’un me dise. À partir de ce moment, on a commencé à plus traîner ensemble.
J’ai toujours été dans des classes où 90 % des gens avaient une peau de couleur claire. Je me dis que comme la majorité d’entre eux sont clairs, ils vont se dire que j’invente si je réagis. Alors je me dis qu’à deux, s’il y a un problème, au moins on va se soutenir.
Lara, 16 ans, lycéenne, Bezons