Kuluna N. 03/05/2023

Refusé par le Red Star FC

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Kuluna est passé à deux doigts de rejoindre un club de foot pro à 14 ans. Mais il ne perd pas espoir : un jour, il sera footballeur.

Mon grand frère et moi (je vais pas dire le blaz de mon frère, c’est pas votre souci) étions à l’hôtel vers le stade du Red Star FC. J’avais déjà fait mes tests, c’est-à-dire des exercices, des matchs et tout le tralala. Quelques semaines après, le club a recontacté mon frère et ma mère pour dire que non, j’étais pas pris.

Dans son mail, le mec du Red Star FC disait : « Nous avons étudié le cas de votre fils Kuluna… Et nous sommes navrés de vous dire que nous ne l’acceptons pas dans notre effectif. C’est un très bon joueur avec de grandes qualités, il peut apporter beaucoup à l’équipe mais on a peur avec les deux plaintes qu’il a sur le dos, cela va peut-être entraîner le reste de l’équipe… » C’était en juillet, le jour de mes 14 ans.

Avant, j’étais dans un collège privé. Et comme j’aimais trop me battre, bah je tapais sans me contrôler, genre vraiment, avec la haine et tout. J’ai insulté de fou malade le mec du Red Star FC dans ma tête. Parce que mon plus grand rêve, c’est d’être footballeur professionnel.

Le foot, j’ai commencé à 6 ans. Mon père me parlait des joueurs congolais qui dénonçaient les violences de l’armée du Rwanda (le groupe M23) grâce à un geste sur le terrain : avec l’index et le majeur gauche ils se bandent les yeux, puis avec l’index et le majeur de la main droite ils font comme une arme qu’ils se pointent sur la tempe. Quand mon père me racontait cette horreur, cela me donnait envie de faire comme Bakambu, Chancel Mbemba, etc. Mon pays, la RDC, c’est vraiment tout pour moi : mes ancêtres sont originaires de là-bas.

Du béton de ma cité au synthé du club

J’ai arrêté le foot pendant huit ans parce que je me suis converti à la boxe thaï, j’ai même été champion du Val d’Oise et champion de France de ma catégorie. Mais cette année j’ai décidé de reprendre, parce que le foot, c’est ma raison de vivre. Pour moi, c’est le seul truc qui me reste fidèle à vie, bien plus qu’une meuf.

Avant de reprendre, je jouais quand même au foot dans ma cité, avec mes potes au stade. La ZAC, dans les infos, ça parait méchant. Certes, ça l’est un peu mais il y a des bons trucs qui sont organisés là-bas. Comme la CAN des quartiers (plusieurs jeunes du quartier qui représentent une équipe nationale africaine) et l’interquartier (là, ce sont plusieurs jeunes qui représentent leur quartier comme la ZAC, le 6, PLM et les KRO).

Avant d’arrêter, je jouais à Villiers-le-Bel. J’ai repris le foot à Montmagny qui évolue en D4 (départemental 4), vraiment le pire niveau pour un club amateur. J’y ai joué quelques mois. Puis, Villetaneuse a décidé de me faire venir après avoir vu mon niveau.

Malgré cet échec, j’y crois encore

En gros, la technique des recruteurs des clubs, c’est de se faire passer pour des parents : mettre des gros manteaux de coachs, avoir un carnet, des lunettes. À l’entraînement, ils se mettent un peu loin pour nous regarder. Après ça, ils m’ont dit de rejoindre le club qui joue cinq divisions au-dessus de Montmagny. J’ai plutôt bien réagi. Je ne vais pas dire que j’étais extrêmement heureux, mais vous avez capté.

C’est sûr, ça m’ouvrira beaucoup de portes vers d’autres clubs pros quand je serai au lycée l’année prochaine. Je sais que par la grâce de Dieu, je vais y arriver. Qu’un jour, mon rêve de gosse deviendra réalité. Je lâche même pas une seconde cet objectif, quitte à faire des sacrifices de fou malade. Je vais y arriver.

Kuluna, 14 ans, collégien, Villiers-le-Bel

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