Seydina C. 03/11/2023

Sans la police, ça serait paisible ici

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Le 11 octobre dernier, le Conseil d’État a reconnu l’existence des contrôles au faciès, sans pour autant contraindre le gouvernement à prendre des mesures concrètes. Dans le quartier de Seydina, la police est toujours là et cette pratique discriminatoire est fréquente. Pour lui, c’est de là que viennent les tensions.

Le mode opératoire des policiers est simple : ils tournent en rond comme s’ils n’avaient rien d’autre à faire, et quand ils voient un jeune qu’ils jugent soi-disant « suspect », ils en profitent pour débarquer et effectuer un contrôle. H24 ici, quand tu tournes la tête, tu vois une voiture de police. C’est fatigant à la fin !

J’habite dans le 19e arrondissement de Paris, vers Danube. C’est un très grand quartier composé de plusieurs groupements d’immeubles rouges et blancs. Les rues sont en pavés et très propres. C’est un endroit magnifique où règne la diversité culturelle et religieuse, la joie de vivre, la solidarité, l’entraide et la bienveillance entre tous les habitants. On s’aime tous en fait. C’est cette cohésion qui nous permet de partager nos joies, nos galères, nos tristesses et nos problèmes du quotidien comme une vraie famille. Ici, chacun est dévoué au bonheur des autres.

Sauf que beaucoup pensent que c’est un lieu infréquentable où la police a des difficultés à faire respecter les lois. Les gens disent beaucoup de mal de mon quartier : genre qu’il est invivable, dangereux, que les habitants sont incontrôlables et irrespectueux envers les forces de l’ordre. Nous, on s’en fout des remarques. On sait la vérité. C’est vrai qu’on n’est pas un quartier modèle, mais nous ne sommes pas pires que les autres.

Armés face à des enfants

Souvent, je pense que ce sont les policiers qui cherchent la merde, et non les jeunes. Lors d’une vérification d’identité basique, un pote s’est fait plaquer par terre sans raison et sans possibilité de se défendre. D’autres amis se sont fait contrôler devant chez eux plusieurs fois dans une même journée. Il y a pas un problème ?

Moi, je m’occupe d’enfants dans mon quartier. Lors d’une fête associative, les forces de l’ordre ont débarqué gazeuse à la main, doigts sur l’arme et prêtes à en découdre, alors qu’il n’y avait pas de danger apparent. On était là pour profiter, passer du bon temps avec les jeunes et les enfants. Ils étaient âgés de 3 à 15 ans. J’ai dû intervenir. Je leur ai demandé la raison de leur présence. Comme d’habitude, aucune réponse, aucun motif.

Les enfants auraient pu être exposés et être mis en danger, alors qu’ils n’avaient rien demandé. Comment voulez-vous que les jeunes réagissent ? Tout le monde sait que l’arrivée de la police est souvent signe d’une hausse de tension. On redoutait tous que ça dégénère.

Nous, les jeunes, comment devons-nous faire pour nous protéger de ces violences policières ? On est souvent victime d’injustice et de mauvais traitement. Malgré tous ces problèmes, l’entraide, la solidarité et l’amour prennent toujours le dessus. On est heureux ici, et on ne partira pour rien au monde.

Seydina, 21 ans, en formation, Paris

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