Seule fille dans tout le CFA
Quand j’ai fait ma rentrée au CFA, il n’y avait que des garçons, bien évidemment. Quand les formateurs ont commencé à faire l’appel, tous les garçons étaient un peu choqués que je sois une fille en électricité. À la pause de 10h10, je me souviens qu’on m’a demandé si je ne m’étais pas trompée d’établissement. Sur le coup, c’était drôle de voir que ça les choquait, mais qu’ils ne trouvaient pas ça impossible.
J’ai décidé de faire un bac pro Melec (métiers de l’électricité et ses environnements connectés) grâce à mon stage d’observation de troisième. Je l’avais fait dans une entreprise d’électricité. Avant de faire mon stage chez eux, je ne savais pas réellement en quoi consistait leur métier. En le découvrant, j’ai eu envie de tout savoir, ça m’a passionnée.
Dès que j’ai annoncé la nouvelle à mes amis proches et à ma famille, certaines personnes comme mon père n’étaient pas étonnées du tout. Ma mère, au contraire, était très surprise. Elle avait peur que je ne m’en sorte pas. Mes grands-parents maternels étaient contents que je choisisse un métier qui me plaît, mes amis aussi, même s’ils savaient que ça allait être compliqué.
Mais sinon, je n’ai pas eu de mauvaises réactions. Seulement un jour où j’ai été aux urgences pour un problème au genou. En expliquant au docteur que j’étais en alternance en électricité, il m’a dit que ce n’était pas possible que je fasse des études comme ça, parce que c’est un métier d’hommes. Avec ma maman, on lui a répondu très gentiment que si, c’était possible. Qu’il ne fallait juste pas rester bloqué sur les avis de la société. On m’a souvent dit que c’était « un métier d’hommes » mais personnellement ça ne me fait pas peur. En faisant ces études, je voulais montrer à la société que les femmes aussi peuvent devenir électricienne.
Pas de filles à l’école, ni sur les chantiers
En étant en alternance, il me fallait une entreprise. J’ai donc commencé à faire mes recherches, à postuler dans des entreprises. J’ai postulé dans quatre entreprises. J’ai fait un entretien avec toutes les entreprises, mais une seule a bien voulu me prendre. Ils ont aimés voir une fille postuler.
On est peu de filles dans le CFAI, mais ce n’est pas si différent dans mon entreprise. Sur les chantiers, je suis la seule, mais dans les bureaux il y a plusieurs femmes. C’est une entreprise de travaux publics, donc on travaille dehors. En ce moment, nous passons des câbles sous terre.
Mais je me sens un peu inutile parce qu’ils me font rien faire ! Je m’attendais à ce qu’ils me fassent faire un peu des petites tâches. Je ne demande pas à faire des truc de oufs, mais au moins des petites tâches pour que j’apprenne. Pour l’instant, je ne fais rien, je regarde juste. En discutant avec les garçons de ma classe au CFA, ils font beaucoup plus que moi ! Dans leurs entreprises, ils vont faire des trucs. Ils sont agiles. Ils vont utiliser des pinces, changer des prises, utiliser les outils et tout.
Je ne connais pas les autres filles du CFAI mais ce serait bien de voir comment elles sont et connaitre leurs avis, leurs expériences avec les entreprises ou dans la vie de tous les jours.
Carla, 15 ans, en formation, Vert-Saint-Denis