Fairdouse F. 11/01/2021

Témoin de violence conjugale, j’ai appelé la police

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Fairdouse a été témoin de violence conjugale et a appelé la police. Cette scène, violente, le marque encore aujourd’hui.

Un soir pendant les vacances d’automne, il faisait froid : il était presque 3 heures du matin. Je ne dormais pas, j’étais sur mon téléphone avec mes écouteurs sur les oreilles quand soudain, j’ai entendu des cris féminins qui venaient de l’extérieur.

J’habite dans une résidence super calme à Bobigny au quatrième et dernier étage. La fenêtre donne sur tous les bâtiments d’en face. Donc moi, très curieuse, je glisse ma tête par la fenêtre et là, je vois un homme et une femme s’embrouiller. L’homme avait un long manteau gris et une calvitie et la femme était super petite, sans veste, mais habillée tout en noir. 

Sur le moment, je n’ai pas osé crier

Sur le moment, je me suis dit que ce n’était pas très grave et je suis repartie m’allonger. Au bout de dix minutes, j’entends que le ton monte donc je repars à la fenêtre et je vois que l’homme commence à lever la main sur elle, à lui mettre des gifles. Il devient super violent en mode tirage de cheveux, grosses baffes. Il lui tirait les cheveux et lui mettait des coups de pied au ventre quand elle était à terre. Pour vous dire, la scène était un peu loin par rapport à mon bâtiment, j’entendais quand même les gifles qu’il lui donnait et la femme qui criait : « Arrête ! » « Lâche moi ! » 

Sur le moment, j’ai fait une crise d’angoisse. Je n’ai pas osé crier parce que j’étais limite figée. Vu que ma mère dormait, je suis allée la réveiller pour lui raconter ce qu’il était en train de se passer en bas de chez nous. Elle a décidé direct d’appeler la police. Elle leur dit qu’une femme était en train de se faire agresser par un homme en bas de chez nous, elle a donné notre adresse et a raccroché. 

Ils sont repartis comme ça, main dans la main

La police a mis beaucoup de temps pour arriver : à peu près 15 minutes alors que le commissariat est à 20 minutes de chez nous et que la route était vide vu qu’on était en plein milieu de la nuit. 

Pendant ce temps, moi et ma mère, on a continué à surveiller la scène et d’un coup, l’homme s’est arrêté et il est parti de l’autre côté de la route que l’on voyait depuis notre balcon. La femme, elle, s’est relevée vite et elle a commencé à courir derrière lui, à vouloir lui faire un câlin. J’étais ultra choquée ! Le pire, c’est qu’il a été réceptif à son câlin et ils sont repartis comme ça, main dans la main.

Quand les policiers sont arrivés, ils nous ont rappelés et nous ont dit qu’ils n’avaient rien vu, du coup, on a décrit les deux personnes et ils nous ont dit qu’ils allaient refaire un tour. Ils ne nous ont jamais rappelés et on a plus eu de nouvelles de ces deux personnes.

Cette histoire m’a servi de leçon

Le lendemain, avec ma mère, on a parlé de l’agression. Elle m’a dit qu’elle n’avait jamais vu ça. Et personnellement, ça me fait peur et j’ai grave paniqué sur le coup. 

Maintenant, quand je marche dans la rue ou quand je suis dans les transports, j’ai peur de me faire agresser ou de revoir la même scène. Cette histoire m’a servi de leçon pour plus tard. Si un jour je me fais violenter par mon conjoint, je partirai tout de suite, sans pardonner. Chaque année, il y a entre 122 et 149 femmes tuées par leurs maris, heureusement qu’on en parle et d’ailleurs, j’encourage toutes ces femmes à en parler et à partir, car il faut que ça cesse.

 

Fairdouse, 14 ans, collégien, Pantin

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