J’ai commencé à travailler à 14 ans
À 14 ans, je travaillais d’abord sur de courtes périodes : deux semaines pendant les grandes vacances, dans une boucherie, celle de mon père, pour faire la plonge. C’est moi qui ai demandé à travailler pour avoir de l’argent de poche et pouvoir me payer mes petites sorties de l’année. En même temps, c’était une contrainte, parce que je n’aimais pas forcément le travail en soi, mais j’aimais bien l’idée de bien faire quelque chose pour ensuite apprécier ce que cela allait me rapporter.
Et puis c’est une histoire de famille : mon frère et ma sœur qui ont deux et cinq ans de plus que moi ont aussi commencé à travailler à cet âge-là dans l’entreprise familiale qui compte une cinquantaine de salariés. C’est donc normal pour moi de m’y mettre aussi.
Vacances, week-ends et mercredis
À 15 ans, je consacre un mois d’été à la boucherie. De la plonge, je passe à une mission un peu plus intéressante : je rejoins l’équipe qui fait les paupiettes, les carrés délices, les brochettes et qui les met sous-vide grâce à une machine. À 16 ans, je travaille un mois l’été et j’y ajoute aussi les petites vacances scolaires. Vu que j’ai enfin l’âge légal, je peux travailler en tant que vendeur. J’alterne aussi avec des missions au « labo », là où on fabrique les plats.
À 17 ans, je travaille les petites et grandes vacances, et aussi les week-ends et le mercredi après-midi quand je n’ai pas cours. J’ai toujours un poste de vendeur et je travaille aussi au « poussoir », là où on fabrique les saucisses. C’est la mission qui me plait le plus, parce que je gère moi-même mon rythme de travail avec l’objectif de finir à une certaine heure. Ce challenge et cette autonomie me plaisent, et puis le temps passe plus vite, ça me motive !
En parallèle, je commence aussi une autre mission grâce à ma sœur qui travaille dans une entreprise qui cherche des collaborateurs. Mais elle paye en facture. Je n’ai pas l’âge légal pour créer mon entreprise. Alors je demande à ma mère de créer, à son nom, un statut d’auto-entrepreneur. Et je peux ainsi réaliser des prestations de services en louant des bornes selfies pour des évènements.
J’ai perdu plus de 400 euros
Mais j’ai dû arrêter au bout de huit mois. Car surprise, j’ai dû payer des impôts ! En effet le cumul du salaire de mes parents avec ce statut d’auto-entrepreneur, n’était pas avantageux. Et donc pas du tout rentable pour moi par rapport à ce que ça allait me coûter relativement au temps passé. J’ai alors tenté de me lancer dans la crypto-monnaie, que j’ai découvert grâce aux réseaux sociaux et aux tutoriels sur YouTube. J’ai investi 600 euros, mais j’ai réalisé cet investissement au mauvais moment. C’est la crise du crypto, j’ai perdu plus de 400 euros.
Aujourd’hui, étudiant à Rennes, je rentre tous les week-ends, petites vacances et grandes vacances à Lorient, à 1h30 de route, où je travaille toujours en boucherie. Je ne m’y vois pas toute ma vie, mais je gagne de l’argent et j’apprends beaucoup. J’imagine, plus tard, ouvrir un restaurant ou ouvrir un camping. L’idée n’est pas de rester employé toute ma vie. Toutes mes expériences depuis que j’ai 14 ans m’ont appris une chose : j’aime et j’ai cette envie forte d’entreprendre, de créer quelque chose.
Bruno, 18 ans, lycéen, Rennes