Aïcha M. 25/10/2022

Mon voile face à leurs insultes

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Aïcha se sent protégée lorsqu’elle porte son voile. Elle a décidé d’ignorer les agressions et les propos racistes.

Un midi, en entrant dans un centre commercial pour aller acheter à manger, une femme âgée de la quarantaine m’a regardée de travers. Elle s’est arrêtée et m’a dit : « Nous sommes en France, ton voile ne sert à rien ! » Après ça, elle est partie avec les sourcils froncés. J’étais surprise, je ne savais pas comment réagir, donc j’ai continué mon chemin.

Un autre jour, une femme dans la cinquantaine nous a fixées, ma mère et moi, pendant que nous faisions la queue de la boulangerie. Elle nous a dit : « Rentrez dans votre pays, sales Arabes ! » Alors que je ne suis même pas arabe. Après ça, elle nous a insultées : « Race de chien ! » Elle faisait des gestes comme si elle voulait courir vers nous, pour nous frapper. Je me suis demandée si elle était bourrée au point de dire et de faire des choses si inhumaines.

Ma foi, j’en suis fière

Je suis voilée depuis deux ans maintenant, et je suis fière de ma décision. J’ai décidé de me couvrir sur un coup de tête. Un matin, je me suis dit : « Autant le mettre maintenant plutôt que de repousser ce jour. » Oui, c’était une période de ma vie qui n’était pas rose, je voulais me rapprocher de ma religion. Les réactions autour de moi ont été très positives. Ma famille et mes amis étaient fiers de moi. Je ne l’ai pas dit à mes profs, ça ne les regarde pas, mais je ne le cache pas pour autant.

J’ai voulu mettre le voile pour mon créateur, mon Dieu, Allah. Cela a clairement changé ma vie positivement. Je me sentais bien avant, mais c’est autre chose désormais, j’ai un sentiment inexplicable. Je sens une sorte de protection en moi, le sentiment de mieux respirer.

Dans l’islam, c’est obligatoire pour les filles de porter le voile à partir de la puberté. Moi, je me disais que je le mettrais après les études ou après le travail, et puis j’ai changé d’avis. Certaines structures acceptent d’embaucher des personnes voilées, des magasins d’habits, des boulangeries, ou certains restaurants. Je pense que c’est bien parce que il y a quelques années, c’était rare, on ne voyait jamais de femmes voilées travailler.

Mon voile est une affaire publique

Forcément, ça me met mal quand, chaque matin, je dois l’enlever pour aller en cours. On m’enlève un peu ce que je suis. Sans mon voile, je ne suis pas moi, il m’appartient et il m’appartiendra toujours, quoi qu’il en soit. Quand je remets mon voile devant le lycée, après les cours, je retrouve ce sentiment de protection. Je me sens mieux.

De nos jours, le port du voile est devenu l’un des principaux sujets de débat à la télé. Je ne comprendrai jamais ça, c’est ridicule ! Je me fous des regards, des insultes, vaut mieux ne pas calculer. Mais bon, il y a d’autres choses plus importantes dont ils pourraient parler, non ? Avec tout ce qu’il se passe en ce moment… Comme dit ma camarade : « Tout ça pour un bout de tissu ! »

Aïcha, 16 ans, lycéenne, Nice

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