Mon quartier c’est ma deuxième maison
Le quartier où j’ai grandi, c’est un tout. C’est un truc de ouf ! Je le quitterais pour rien au monde. Même si j’ai déménagé, je traîne toujours dans mon quartier d’origine. Je prends le tram presque tous les jours pour y aller. Arrivé là-bas, je sers la main à tout le monde : les grands, les petits, les potes. On se pose dans le stade, on chiche, quand il manque des charbons ou du goût, un truc comme ça, on envoie les plus petits. Au quartier, il y a les anciens, les grands, les moyens et les petits. Plus on est grand, plus on a de l’autorité au sein du quartier. Moi, au sein de mon quartier, je suis un petit.
On allume la chicha et on parle de tout ! Des embrouilles par exemple. Nous et le quartier d’à côté, c’est la guerre. Ils font les malins à venir chez nous avec des armes. On réagit, on se défend et donc on s’organise…
Le débat est disponible ici https://t.co/zwwHg9YHGX https://t.co/apBwGjMZhA
— Périphéries, le podcast (@Peripheriespod) 10 octobre 2018
Comment raconter les quartiers ? C’est le thème du deuxième débat de Périphéries, émission radio pensée et animée par Edouard Zambeaux. Le but : transformer l’image des quartiers. À écouter ici !
Mais ça parle de meuf, tout ça aussi ! Quand on est au quartier, si ça parle de meuf, ça parle de sexe. Par exemple, un jour, mon pote a baisé une meuf plus petite que lui en âge. Après, on a rigolé sur lui ! C’est rare qu’on parle des sentiments, c’est un peu un tabou et les filles, elles restent dans leur coin, on reste pas ensemble. Pas avec les filles du quartier en tout cas, on n’a rien à se dire. Dans mon cas, ce sont pas mes potes, c’est « bonjour, au revoir ».
Les embrouilles, le foot, les filles
On joue au foot, on rigole, ça sort les cross [motos] quand il commence à faire chaud. C’est pour les lever. Tout le monde n’en a pas, mais il y en a beaucoup. On fait des snaps, après on se met devant le stade. Et puis les shtards [flics] nous cassent les couilles. Toujours ils viennent pour nous fouiller ! Des trafiquants de drogue, il y en a partout mais chacun a ses raisons de se lancer dedans. Il y en a qui font ça juste pour avoir de l’argent et d’autres car ils sont en difficulté économique. Des fois, on voit des yencli [clients], ils sont fous, ils sont bourrés, c’est trop drôle !
Capo a fait l’un des choix les plus difficiles de sa vie : quitter un quartier qu’il adore pour « devenir quelqu’un » en dehors de la cité. Mon quartier, c’est un peu comme une ruche
Moi, j’aime mon quartier, mais j’ai pas les mots pour définir cet amour, c’est un tout. Des fois, ça parle d’avant, quand on était petit. Pour rien au monde j’aurais aimé grandir autre part. Quand je pense à mes potes, je souris tout seul. Quand je suis dans mon quartier, je suis à l’aise, je me sens bien. C’est ma famille. Même si on n’a pas le même sang, on reste des frères. Même si j’habite plus là-bas, ça reste ma deuxième maison.
Simon, 15 ans, lycéen, Paris
Crédit photo Unsplash // CC Marc Schaefer