Faute d’alternance, la mission locale
À la fin de mon premier semestre à l’université, quelques mois avant la crise du Covid-19, j’ai opté pour une réorientation… qui ne s’est pas passée comme je le voulais. N’ayant auparavant jamais cherché d’alternance ou d’emploi, et encore moins sous une crise sanitaire, je voyais difficilement comment faire. J’ai donc essayé, par tous les moyens possibles, de recourir à des aides et de récolter des conseils, pour réussir.
L’année scolaire 2019-2020, c’était difficile d’arriver en pleine forme dans ma licence MPCI (mathématiques, physique, chimie, informatique) : je faisais deux heures de route de chez moi à la fac, quand les transports étaient à l’heure. J’étais en « phase complémentaire » sur Parcoursup, une phase de deuxième chance pour trouver une formation post-bac, qui consiste à nous lister des formations dans lesquelles il reste de la place : un choix vraiment très limité. Ayant vu mes premiers vœux refusés parce que je n’appartenais pas à la bonne filière (bac STI2D, j’avais obtenu un bac scientifique), j’ai été mis en file d’attente « pas prioritaire » dans un BTS SIO (services informatiques aux organisations). J’ai donc décidé de changer de plan et de partir dans la même formation, mais en apprentissage.
200 retweets et 50 commentaires sur Twitter
J’ai passé plusieurs entretiens dans différentes écoles privées, à Paris, dans le domaine de l’informatique. Les réponses étaient favorables. Je devais donc trouver une entreprise qui m’accepterait en tant qu’alternant.
Dès le premier jour, j’ai sans hésitation opté pour le chemin des applications : Monster, Indeed, LinkedIn ; Et des réseaux sociaux : Snapchat, Twitter, Instagram, Facebook. Une publicité facile et rapide. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de personnes qui ont joué le jeu. Sur Twitter, j’ai reçu plus de 200 retweets, et 50 commentaires pour envoyer mes CV, et me faire aiguiller par certaines personnes passées par le même parcours.
L’alternance est en progression en 2020 malgré la Covid-19. De grandes disparités persistent néanmoins en fonction des secteurs et malgré les aides de l’État. Capital revient sur ces inégalités dans l’accès à l’apprentissage.
J’ai eu des réponses de personnes qui avaient réussi à trouver une alternance et qui me racontaient leurs recherches. J’ai donc essayé de refaire leur parcours : téléphoner ou aller voir les entreprises directement, mais ressortait toujours la phrase : « Je ne recherche pas d’alternant, au revoir. »
J’ai aussi reçu des messages privés motivants du style : « Ne t’inquiète pas, j’ai réussi à trouver mon alternance deux jours avant la fin des inscriptions, ça ne se joue pas à la seconde. » Ou encore : « Il reste encore du temps, ne lâche pas l’affaire. » Ce sont ces petits messages qui donnent envie de s’accrocher alors que, chaque matin, en se levant, on reçoit beaucoup de : « Votre profil ne correspond pas aux exigences de l’entreprise » ; « Votre candidature n’est pas retenue. »
Je me suis levé plein d’espoir pour mon alternance
Mes écoles ont aussi, pour certaines, fait des efforts. Soit en envoyant mon CV à leurs partenaires, soit en m’indiquant certains postes d’alternant libres. Elles m’ont aussi dit de jouer sur le fait que l’État aide les entreprises avec une allocation de 8 000 euros par an pour chaque alternant qu’ils prennent. Ça revenait donc à l’employer gratuitement.
Malheureusement, deux semaines avant la fin des inscriptions, je n’avais toujours pas reçu de réponses positives. Mes écoles m’appelaient tous les trois jours en pensant que je n’étais pas intéressé par leur formation. Je finissais toujours en répondant : « Je suis toujours en recherche d’entreprise, j’aimerais bien que vous me gardiez dans votre liste. »
J’étais démotivé. J’envoyais sans aucun espoir de retour positif mes CV à droite à gauche, jusqu’au jour où, une semaine avant la fin du délai, j’en ai reçu une. Une entreprise voulait un alternant rapidement.
Je me suis levé un jeudi matin, plein d’espoir. Pour moi, cet entretien s’est bien passé, mais ce n’était pas de l’avis de l’entreprise qui ne m’a donné aucune réponse pendant deux mois. Et encore, j’ai dû envoyer plusieurs mails et passer plusieurs appels pour avoir finalement une réponse défavorable. Une réponse sans importance compte tenu du délai imparti.
La garantie jeunes comme moyen de dépannage
J’ai fini par me résigner à ne pas continuer les études cette année. J’ai opté pour le dépannage : la garantie jeunes. En espérant pouvoir reprendre mes études supérieures l’année suivante dans une filière que j’apprécierais et qui m’acceptera.
La garantie jeunes est un moyen de ne pas rester sur mes lauriers, d’apprendre différentes choses grâce aux ateliers et stages qu’elle nous propose, et aussi de m’aider à trouver un travail en CDD jusqu’à la reprise de mes études.
La crise sanitaire empêche également celles et ceux qui sont diplômé·e·s d’accéder à un premier emploi. C’est le cas d’Adrien, bac +5, qui ne rentre dans aucune case pour obtenir une aide en attendant de trouver du travail.
J’ai l’impression de ne pas avoir réussi ce que j’ai entrepris. Je ne m’imaginais pas ne pas réussir mon année de licence, et encore moins ne pas être accepté dans la filière que je voulais. Ça m’a vraiment démotivé dans mon envie de réussir.
Mohamed Amine, 21 ans, en recherche d’emploi, Bagnolet
Crédit photo Unsplash // CC Thomas Dumortier