VIDÉO – Mon intégration n’est pas une assimilation
J’ai donc souvent eu le sentiment que je devais mériter ma place en France, le tout sans pour autant « déranger ». Je m’imposais un comportement irréprochable mais surtout de ne pas faire trop de « bruit », pour ne pas me faire remarquer. Et l’impression de devoir en faire deux fois plus pour « mériter la bonne couleur de document d’identité ». De devoir me battre pour être une « bonne Française ».
J’ai 19 ans aujourd’hui et mes prénoms font le pont entre le pays d’où je viens et le pays où je vis. Pour l’essentiel de mes relations avec l’école et les services de l’État, je m’appelle Christiane. Ahouefa est mon troisième prénom, celui qui circule depuis deux ans dans mon entourage et mes nouvelles rencontres.
Aujourd’hui, je me sens plutôt bien intégrée : plus encore, je suis en études d’histoire et de sciences politiques. Je ne peux pas faire mieux en terme de connaissance du pays ! Les seuls moments où je remets en question mon intégration sont lors de mes rencontres avec les services administratifs de l’État.
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Le « bon migrant » pour bon nombre de nos hommes et femmes politiques, c’est celui qui se tait et qui chante à la France son amour. Même lorsqu’elle s’écarte des valeurs qu’elle entend incarner. Il m’en a fallu du temps pour accepter mes deux prénoms, mes deux identités. Mais, aujourd’hui, je refuse de fermer les yeux quand la République dans laquelle j’ai grandi ne tient pas ses promesses de liberté, d’égalité et de fraternité.
Ahouefa, 19 ans, étudiante, Cergy-Pontoise
Musique : Kiala Ogawa // Réalisation : Elliot Clarke // © ZEP