1/3 Notre place est sur le terrain
« Je ne me voyais pas faire un autre sport que le foot. À chaque récré, j’attendais la sonnerie et j’étais pressée d’y aller pour jouer. J’ai voulu m’inscrire avec des garçons, mais je me suis dit que ça allait être compliqué dans les vestiaires. Du coup, j’ai abandonné. »
« À l’école, on me critiquait, on me disait que je n’étais pas faite pour ça. « T’es une fille tu peux pas jouer avec nous ! » ; « Va jouer avec les autres filles ! » On ne va pas se cacher : j’étais meilleure qu’eux. Même eux avaient capté. »
SÉRIE 2/3 – Entre Olivia et le foot, c’est une histoire qui dure. Et, chose rare, elle a eu la chance d’être soutenue par sa famille, son coach, et même les garçons avec lesquels elle a joué.
« Aujourd’hui, je joue dans une équipe de filles. Mon équipe, je les aime de ouf. Le foot féminin, c’est bien ! Franchement, les filles, si vous voulez jouer au foot, jouez ! Il y a des gens qui ne le comprennent pas, mais je vous le dis : comment c’est trop bien le foot ! »
Evelyne et Binta, 17 et 16 ans, lycéennes, Savigny-le-Temple
Illustration © Léa Ciesco (@oscael_) // Musique Kiala Ogawa
Journalistes : Édouard Zambeaux et Léa Ciesco
Gagner ou perdre du terrain
Des débuts compliqués
– Le 7 mai 1881, la presse vient assister pour la première fois à un match de foot féminin, à Edimbourg. Les journalistes parlent des tenues des joueuses, le public quitte les tribunes avant la fin du match. Les rencontres suivantes susciteront même des émeutes.
– En 1912, le premier club de foot féminin français (Fémina Sport) est créé par deux profs d’éducation physique. Puis, ça s’enchaîne : en 1919, constitution d’une équipe de France. En 1921, création du championnat de France féminin. Mais pendant la Seconde Guerre mondiale, énorme coup de frein du régime de Vichy : interdiction du foot pour les femmes.
Cinquante ans seulement de reconnaissance
– C’est seulement dans les années 60 que le foot féminin refait son apparition dans des fêtes de village. En 1969, des footballeuses déterminées créent une équipe de France et participent à une coupe d’Europe pirate. Ce coup de force mène à la reconnaissance du football féminin par la FFF (Fédération française de football) en 1970.
– Aujourd’hui, le championnat de France féminin de football est appelé Division 1. C’est l’équivalent de la Ligue 1, sauf que chez les femmes, ce championnat n’est pas professionnel.
Pas professionnelles et mal payées
– Pour les joueuses, ça signifie un statut amateur ou semi-professionnel, des contrats hybrides, et surtout des salaires très bas. En moyenne, 2 494 euros par mois contre 108 422 euros pour les footballeurs professionnels.
– Le salaire de la joueuse de foot la mieux payée au monde, l’attaquante de Chelsea Samantha Kerr, frôle les 480 000 euros par an. Son homologue masculin, Lionel Messi, au PSG, a touché 125 millions d’euros cette saison.