Je ne suis pas maniérée comme les autres filles
Parfois, on me dit que je suis un garçon manqué parce qu’à 16 ans, je joue au foot, et je reste beaucoup avec mon frère et ses potes. Dans la tête des gens, comme je suis une fille, je devrais faire de la danse plutôt que du foot, m’habiller en robe, être plus « féminine ». Moi, j’ai juste l’impression qu’on m’a éduquée à être simple, naturelle et spontanée. Les mecs ont la chance qu’on n’attende que cela d’eux. On aurait tous dû avoir cette éducation !
Éduquée comme mon frère
Si j’ai eu la chance qu’on ne m’éduque pas de manière différente à cause de mon genre, c’est en partie parce que j’ai un frère jumeau. Petite, je n’ai jamais eu de poupée car je n’en voulais pas. Je jouais avec des voitures.
Une de mes grandes passions, c’est la moto. J’en ai presque toujours fait. Mon père nous a initié, moi et mon frère, quand nous avions 4 ans. Aujourd’hui, je fais du quad, sur un 350 Raptor. Je le cabre en me mettant debout sur l’arrière. Avec la 125 Yamaha, je fais deux roues, je dérape. Je suis tombée quatre ou cinq fois. Je me suis déjà « arraché » la hanche, les bras. Ce n’est pas ça qui va m’arrêter. Je me soignais les blessures et repartais de plus belle. Bref, un vrai mec quoi !
Notre éducation reste trop genrée
La plupart des filles, à l’inverse, font trop de manières. Elles crient souvent pour pas grand-chose. Quand les garçons sont présents, d’un coup, elles changent de comportement. Elles veulent se faire remarquer, elles se cambrent, montrent leurs formes, ont une voix de crécelle ou parlent avec un accent pour se distinguer. Elles ont besoin d’être le centre du monde.
À mon avis ces comportements s’expliquent par leur éducation. Et franchement, je ne dis pas merci aux parents. Je suis différente de ces personnes. Je suis simple, je suis avec mes amis comme je suis avec mes parents. Moi, je ne minaude pas. Je reste naturelle, spontanée et je ne me donne pas un autre genre, car on pourrait se faire une mauvaise idée de moi.
Par dessus tout ça, on a les influenceuses des réseaux sociaux qui encouragent les filles à n’être « que belle ». Malgré le fait qu’on parle de plus en plus de faire attention à ne pas genrer l’éducation, les comportements des gens ne changent pas.
On dit souvent que les filles ne doivent pas avoir que des Barbie comme jouet, qu’il faut les laisser choisir. Mais en vrai, on continue de rester dans ces clichés, et la société les impose.
Alors merci papa de m’avoir appris la moto. Grâce à toi, je ne suis pas maniérée. Merci de m’avoir rendue courageuse. Grâce à toi je suis Lee, celle qui ne se laisse pas faire, celle qui n’est pas timide.
Lee, 16 ans, lycéenne, Port-de-Bouc